Angers

10 questions à… Hamid ESSAÏD

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Hamid lors de sa victoire aux 10 km de Cholet le 23 octobre dernier.

MAKING OF

Angers, stade du Lac de Maine, complexe sportif imposant de 139 235 m2 au Nord-Ouest d’Angers. Ne travaillant pas aujourd’hui, Hamid a gentiment accepté de m’accueillir à son lieu d’entraînement. Il arrive, sourire aux lèvres, faisant tout de suite preuve d’un accueil chaleureux réchauffant l’atmosphère. On s’installe dans la cafétéria. On y restera une bonne demi heure.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Quel sportif êtes-vous ?

Alors, je m’appelle Hamid Essaïd ; j’ai 32 ans ; je suis coureur de 800 et de 1500 mètres (Il a été champion de France du 1500 m en 2008). Je cours depuis plus de dix ans maintenant. J’ai ressenti l’envie de courir en regardant mes grands frères Mustapha et Taibi. Mustapha, qui a été international, sélectionné 42 fois en équipe de France, multiple médaillé aux championnats d’Europe de cross, plusieurs fois champion de France de cross country. Il a également participé aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000. Taibi, quant à lui, a été champion du monde militaire en 2001, plusieurs fois champion de France en tant que militaire. En 2008, il a été champion de France de cross civil, du 10 km sur route civil. L’année suivante, il a terminé troisième aux championnats de France de cross. En 2010, il a de nouveau été champion de France du 10 km sur route, mais également, champion de France de semi-marathon civil et de semi-marathon des pompiers. Si je compte bien, Taibi doit avoir à son actif sept titres de champion de France entre 2008 et 2010. En tant qu’international, il a participé au marathon de New York auquel il a terminé 25e, et a gagné les championnats du monde militaires de marathon à Berne. Mes frères sont des exemples pour moi, ce sont des sources d’inspiration.

Quel a été votre parcours ? Qu’avez-vous fait avant d’en arriver là ?

En fait, à la base je suis volleyeur (sourire). Mon entraineur me disait que j’étais un très bon et que je pouvais aller loin. J’étais taillé pour le volley-ball. J’avais une très bonne détente… et à l’époque on gagnait tout. On a d’ailleurs été champions de France des moins de 15 ans. Je n’ai débuté l’athlétisme que vers 18-19 ans. Ça a commencé par des petits footings, et puis la première compétition. (Il réfléchit) Si je me souviens bien, c’était le cross du Courier de l’Ouest. Une course sprint haies que j’ai d’ailleurs gagné. J’ai une pression naturelle sur mes épaules. On attend beaucoup de moi du fait que mes frères soient connus grâce à leur réussite. Je n’ai pas (trop) le droit à l’erreur. Mais j’ai travaillé et travaille, encore et toujours, pour ça, donc je ne vois pas pourquoi je ne réussirais pas.

Vous êtes amateur. Vous avez donc un métier en parallèle avec l’athlétisme…

En effet, je suis gardien des salles louées à la ville d’Angers. Pour moi, le travail c’est le plus important. Ça me prend énormément de temps, mais en même temps, c’est grâce à mon travail que je gagne ma vie. Le sport vient après. Les horaires de l’athlétisme dépendent de mon planning. Ça n’empêche que je m’entraine tous les jours.

Tous les jours ? Mais comment faites-vous pour gérer votre temps ?

En hiver, je m’entraine entre midi et deux parce qu’il a tendance à faire très froid après 17h. Et l’été je reprends l’entrainement après la journée de travail, le soir.

Avez-vous eu, à un moment donné, l’intention de devenir international ?

Je pense avoir le niveau pour devenir international. Maintenant, il y a un cap à passer, un cap d’entrainement. J’ai besoin de mon travail pour gagner ma vie. Mais je vais me battre pour gagner les championnats de France et devenir international. Je n’ai pas de limite. Je vais me battre pour être le meilleur possible. Mes frères ont travaillé en parallèle avec l’athlétisme, et ils ont atteint le haut niveau. Je ne vois pas pourquoi moi je n’y arriverai pas. Mon travail me permet, en quelque sorte, de trouver un certain équilibre et de ne pas perdre les pédales en ne consacrant mon temps qu’à l’athlétisme. Indirectement, c’est grâce à mon travail que je vais devenir international.

Vous pratiquez deux disciplines : le 800 et le 1500 m. Est-ce que ces deux disciplines sont complémentaires ?

Elles sont totalement complémentaires. On se focalise sur le 800 en début de saison pour travailler la vitesse qui nous permettra d’améliorer notre « finish » au 1500. En fait, le 800 nous sert de base pour les 1500 à venir.

Vous avez changé de club en octobre dernier. Quelle est la ou les raison(s) de ce changement ?

Il n’y a pas vraiment de raison particulière. J’ai voulu tout simplement changer d’horizon. Découvrir d’autres choses, d’autres personnes. Je voulais faire partager ma passion aux enfants ; leur donner goût à la course à pied.

Au niveau des performances et des résultats, quelles sont vos ambitions pour 2012 ?

Clairement, mon objectif est de battre le record et de descendre sous les 3’39’’15. Mon autre objectif c’est bien sûr les championnats de France élite à Angers, en juin prochain. Mes frères seront dernière moi à me pousser, et toute la ville d’Angers également. Je serai à domicile. Je vais donc me donner à 100 % pour défendre mes couleurs et décrocher une médaille. Je pense avoir une carte à jouer… Je courrai sur le 1500 m ou le 5000 m.

Les Jeux Olympiques vous y pensez ou c’est-ce un seuil trop élevé ?

Les championnats d’Europe en salle et en plein air sont accessibles. Pour les J.O, il faut se détacher de tout, ne penser qu’à ça, ne faire que ça. Il faudrait que je délaisse mon travail pour ne me consacrer qu’à l’athlétisme. Il faut faire un choix. Et je pense avoir fait le bon. Si déjà je peux me rapprocher des temps des minimas olympiques ce serait bien. Pour courir au-delà des minimas olympiques… il faut être réaliste, c’est extrêmement difficile. Il y a d’ailleurs très peu d’athlètes français qui y parviennent sur les courses du 800 et 1500 m. Je me concentre donc sur les championnats de France et vois si j’ai l’occasion d’améliorer vraiment mes temps.

Aujourd’hui, vous avez donc 32 ans. Comment voyez-vous l’avenir, la suite de votre carrière ?

Je souhaite avant tout ramener une médaille des championnats de France qui se déroulent en plus chez moi, à Angers. Ce serait le plus beau des cadeaux que d’être médaillé devant ma ville. En sachant que j’ai encore l’avenir devant moi, si Dieu le veut, en 2016 les championnats de France auront de nouveau lieu ici, à Angers. J’espère être présent pour gagner, car je serai encore jeune (36 ans), et vais donc m’entrainer dur pour ça. Mais pour le moment c’est 2012, et je ne me prépare que pour ça.

MALO RICHARD

 

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