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À Avrillé, le lycée Paul-Emile Victor accueille la journaliste afghane Rahima Noori, réfugiée politique en France.

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Rahima Noori, à gauche, et la traductrice Marion Beauchesne venue l’accompagner.

Du 20 au 25 mars 2017 a lieu la semaine de la presse et des médias dans l’école. À Avrillé, le lycée professionnel Paul-Emile Victor a activement participé à l’événement.

Cette semaine de la presse est portée par la Maison Des Journalistes à Paris et le CLEMI (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information). Cette année, le programme « Renvoyé Spécial » a été mis en place : des lycées vont recevoir la visite de journalistes exilés afin de sensibiliser les élèves à la liberté de la presse et à la défense des démocraties. Le lycée Paul-Émile Victor fait partie des 34 lycées français sélectionnés par la Maison des Journalistes pour bénéficier de ce programme à l’occasion de la semaine de la presse 2017.

Un projet longuement préparé…

Au début de l’année scolaire 2016/2017, la classe de Seconde Gestion-Administration a été inscrite à un cours d’éducation aux médias, qui est proposé par l’Académie. Durant une heure par semaine, les 32 élèves ont pu travailler sur les médias à travers différents sujets. Ils ont commencé par travailler sur « L’info/Intox » sur les réseaux sociaux, en cherchant les rumeurs qui y circulent. Le but étant de savoir ensuite débusquer la vraie information et repérer les fausses, que ce soit dans les textes ou les images. Ils ont ensuite travaillé sur les autres types de médias qui peuvent être utilisés pour s’informer différemment que par l’écrit, en essayant de trouver des supports plus visuels et plus ludiques. Ils ont donc pu découvrir Data Gueule, 1 jour 1 actu et des émissions de radio sur France Info. Enfin, le dernier thème abordé les a amenés à s’interroger sur ce que signifie : être journaliste partout dans le monde en 2017.

Encadrés principalement par leurs professeurs : d’arts appliqués, d’économie-droit, de lettres, et de leur professeure documentaliste, les élèves ont travaillé sur ces thèmes pendant 36 heures en tout et ont préparé activement, pendant 3 semaines, la venue de William Marois (Recteur de la région académique Pays de la Loire et de l’académie de Nantes) et de Rahima Noori.

…jusqu’au jour J.

Le mercredi 22 mars, les élèves ont reçu dans leur lycée, en plus du Recteur, la journaliste afghane réfugiée en France, Rahima Noori. Après une présentation des nombreux et riches travaux de la classe au Recteur, les élèves, leurs professeurs, l’inspecteur de l’académie et le maire adjoint ont pu écouter la journaliste. Venue de Paris pour les rencontrer, elle a souhaité leur expliquer la situation de son métier, dans un pays dans lequel la liberté d’expression n’est pas la même qu’ici.

Le Recteur, ayant co-créé cette semaine de la presse est des médias, s’est exprimé en premier afin de remercier la jeune femme d’être venue, de féliciter les élèves pour leur investissement et de montrer tout l’intérêt du projet « C’est important, que vous, élèves, vous vous intéressiez, durant toute une année à ce qui concerne l’information et les médias. […] Travailler en équipe c’est quelque chose qui est important et travailler sur les médias c’est aussi apprendre à être des citoyens. C’est important de comprendre l’importance d’une presse libre dans une démocratie. »

« Si je continuais, je devais me préparer à mourir »

Accompagnée d’une traductrice, Rahima, 30 ans, a pu partager son expérience avec les élèves. Auparavant journaliste à la RTA (Radio Télévision Afghanistan), elle est arrivée en France en 2016 en tant que réfugiée politique. Énormément investie dans la lutte pour le droit des femmes, Rahima fonda une association du nom de Rozan. Elle travailla également avec le Ministère de l’intérieur afghan, sur un projet concernant la création de cartes d’identité électroniques. Étant donné que le niveau d’éducation est faible dans ce pays, elle décida alors de monter un clip vidéo pour expliquer, plus simplement, les avantages et les façons de se préoccuper cette carte d’identité.

Elle reçut énormément de menaces à la suite de ce projet et durant le reste de sa carrière. Des menaces venant de « certaines branches extrêmes » de son pays, qui estiment qu’une femme ne doit pas passer à la télévision ou dans un clip vidéo. Elle explique alors que, ce sont surtout les talibans qui en avaient après elle et qui l’avaient prévenu que « Si je continuais, je devais me préparer à mourir ». C’est quand elle reçut des lettres de menace envoyées directement à son domicile qu’elle comprit que la situation était grave et décida de quitter son pays.

Aujourd’hui, Rahima continue son combat depuis la France en faisant connaitre la situation des journalistes et des femmes dans son pays. Elle aimerait un jour retourner en Afghanistan, mais pour le moment, sa vie est trop menacée là-bas.

Ophélie Raymond

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