Angers
Les angevins trustent les premières places du Green Code Lab Challenge
Munis de leurs « souris vertes », plus de 150 étudiants, répartis en 39 équipes, à travers 12 villes* en France (Angers, Nantes, Brest, Arras, Bordeaux, Dijon, Lyon, Montpellier, Paris) et en Europe (Aalborg au Danemark, Trier en Allemagne, Madrid en Espagne), ont optimisé, pendant 48 heures, le code d’une application Open Source de type webmail, afin de réduire sa consommation énergétique. Open Innovation, collaboration et bonne humeur ont été les maîtres mots de cette première édition du Green Code Lab Challenge, qui a vu trois équipes angevines s’octroyer les trois premiers prix ! « Green-Optimize » et ses cinq développeurs en herbe, formés à l’ESAIP d’Angers, ont gagné leur billet pour San Francisco et la Silicon Valley ! Les trois équipes primées remportent chacune 1000€ d’aide matérielle, dans le cadre plus large d’un accompagnement sur un projet R&D lié à l’écoconception logicielle. Le début d’une belle aventure appelée à se pérenniser. Une deuxième édition est même déjà programmée…
Déployer avant d’optimiser… et collaborer !
Les équipes engagées dans le concours ont vécu une première nuit « difficile », des propres dires des étudiants, qui ont eu pour mission, au cours des premières heures de travail, de déployer l’application sur le serveur. Une étape inaugurale cruciale qui a vu les futurs ingénieurs en informatique s’arracher quelques cheveux… Au petit matin, malgré des traits parfois tirés par la fatigue, la bonne humeur a pu se lire sur les visages de tous, encouragés – il faut le dire – par la perspective du voyage à San Francisco ! « L’Amérique est encore loin », a cependant lancé un étudiant en train de plancher sur le projet à l’EPSI de Nantes, à l’heure du déjeuner, jeudi midi… Lors des visio-conférences – mises en musique depuis la régie technique à Nantes –, bon nombre de participants ont ensuite pu « remercier l’équipe « EPSI inside » de Montpellier, comme tient à le souligner Nicolas Gutowski, responsable du cycle ingénieur en informatique et réseaux à l’ESAIP d’Angers. Dans un moment critique du concours, ils ont su partager leurs bonnes pratiques, avec l’ouverture d’un espace collaboratif et la mise en ligne d’un tutoriel. » Une collaboration dans la compétition à l’échelle européenne et appréciée de tous.
S’organiser pour durer
La seconde phase du concours, la plus importante, a consisté à rendre l’application la plus économe en énergie. Pour ce faire, de très longues heures d’optimisation du code ont été nécessaires. Pour tenir le rythme : micro-sieste, boisson énergisante ou café, à chacun sa stratégie ! « Bien gérer son temps, c’est une des principales difficultés du concours », a confié Simon Cornu, de l’équipe « Serial-Greeners » (7e au classement final), à quelques heures du terme de l’épreuve. En cas de surmenage, on perd en concentration et donc en productivité. » Même son de cloche chez Baptiste Houssais, de l’équipe « Bamolegue » (6e au classement final), qui explique avoir mis en place deux groupes et instauré, comme beaucoup, un système de relais : « Un binôme s’est penché sur le code de l’application, l’autre sur la mémoire. » Comme lui, tous s’accordent à dire que cette mise en situation leur sera bénéfique à l’avenir : « C’est intéressant pour de futurs ingénieurs en Green IT comme nous, car nous serons forcément amenés un jour à identifier des gains potentiels en termes de consommation d’énergie sur des logiciels. »
Des résultats concrets : une consommation énergétique divisée par 10 sur les serveurs en 48 heures !
Une première analyse des productions livrées montre que le travail fourni par les étudiants au cours de ces 48 heures a porté ses fruits. Sur les 1,3 Go de RAM que consommait initialement le serveur, la meilleure équipe est parvenue à abaisser ce chiffre à 0,58 Go, soit un gain de mémoire de 55%. « Pour une entreprise de 1000 personnes, cela représente un gain de 6,59 Go de RAM sur les serveurs et les PC », avance Olivier Philippot, le président de l’association Green Code Lab, co-organisatrice du concours en compagnie de l’ESAIP d’Angers. Si l’on pousse l’étude plus loin, l’application la plus optimisée présente une consommation d’énergie de quelques dizaines de mWh seulement, contre 400 mWh pour la plus lourde. « Ces chiffres sont cependant à prendre avec des pincettes, nuance Olivier Philippot. Nous n’avons pas encore pu tester toutes les solutions. En théorie, les gains en énergie pourraient même être encore plus grands. Mais les meilleures applications implémentées par les étudiants montrent déjà d’énormes progrès. Une vague verte a déferlé sur le Grand Ouest, avec quelques vaguelettes venues d’autres régions en Europe. L’année prochaine, avec la deuxième édition, on vise à en faire un tsunami de l’écoconception des logiciels ! »
Vous l’aurez compris, tout le monde se projette maintenant vers la deuxième édition, prévue en novembre 2014, à commencer par les partenaires européens : Trier (ALL), Aalborg (DAN) et Madrid (ESP). Signe que cette vague de l’écoconception logicielle, née cette année dans le Grand Ouest, est prête à prendre de l’ampleur…
LES RÉACTIONS DES TROIS PREMIÈRES ÉQUIPES :
Thibaut de Casabianca – « Green Optimize » / ESAIP Angers, 1er prix : « Gagner ce concours, c’est quelque chose d’énorme et de totalement inattendu pour nous cinq ! Nous voulions représenter au mieux l’ESAIP, je crois que c’est chose faite ! Nous remercions vivement les organisateurs, les partenaires mais aussi tous les autres participants. C’était un super moment à vivre, fait de partages d’expériences. Personnellement, je suis d’autant plus heureux de remporter un tel concours que je juge crucial l’essor de l’écoconception logicielle pour réduire la consommation énergétique de nos ordinateurs. Dans un monde de plus en plus énergivore, cela fera le plus grand bien à notre planète. Pour moi, durant ces 48 heures, les enjeux étaient donc plus écologiques. Ce qui nous a aidés à tenir le rythme ? Le café ! Il a été très important pour nous ! [Rires.] Nous donnons déjà rendez-vous pour la seconde édition, où nous remettrons notre titre en jeu ! »
Maxence Canat – « return(green): » / ESAIP Angers, 2e prix « Notre sentiment ? Très surpris, nous aussi ! On ne pensait pas avoir si bien marché… Nous n’avions pas de rôles prédéfinis au sein de l’équipe, mais, personnellement, j’ai surtout travaillé sur l’optimisation du code de l’application. Maintenant, ensemble, on va vite réfléchir au projet de start-up. Ces 1000€ d’aide matérielle représentent un sacré coup de main ! Sinon, j’ai adoré l’ambiance durant ce concours, la collaboration et le partage entre les différentes équipes. Sans doute que le côté international de l’événement pourrait être mis encore plus en valeur lors des futures éditions. En tout cas, je suis partant pour la prochaine ! »
Charly Barré – « IstiAlgo » / ISTIA Angers, 3e prix « On ne s’y attendait pas du tout ! Au départ, nous étions juste venus là pour découvrir… En plus, dans notre formation, à l’ISTIA, nous n’avons pas de module Green IT, comme à l’ESAIP. Nous pensions donc partir avec des points de retard. Et puis nous ne sommes pas tous de grands développeurs. Moi, par exemple, je suis plus sur le côté qualité et sûreté de fonctionnement du logiciel. Concernant notre prix, bénéficier d’un an d’accompagnement est une aide précieuse pour lancer un beau projet en R&D ! Un mot à retenir ? La fatigue ! Je vais être content de retrouver mon lit, car on n’a pas beaucoup dormi… Mais c’est justement ce qui m’a donné envie de participer à ce concours : son format innovant, le dépassement de soi, un défi à relever. On l’a fait ! »