La tribune du jour
« Ecrivons Angers » : coup de comm’ ou vraie démocratie participative ?
« Ecrivons Angers » : 16 lauréats viennent d’être choisis pour participer au budget participatif de la municipalité. Ces projets mettent en valeur des initiatives angevines, une véritable bouffée d’oxygène au moment où beaucoup de citoyens expriment une défiance vis-à-vis des élus. Cependant, son fonctionnement est perfectible.
Tout d’abord, on peut s’interroger sur les participants aux projets de ce budget participatif : comment faire en sorte que les citoyens les plus éloignés de la vie démocratique s’emparent de cette initiative pour se réinvestir dans la vie de leur quartier ? Il est révélateur que des quartiers comme Monplaisir soient quasiment oubliés (2 projets, 0 lauréat) : une répartition par quartier était possible pour éviter que des habitants se sentent une nouvelle fois délaissés, surtout quand le lancement de ce budget participatif a été annoncé à Monplaisir.
Quel rôle auraient pu alors avoir les conseils de quartier dans la construction de ces projets ? Il est troublant que ces acteurs de la démocratie participative n’aient pas été un des maillons de ce projet. Par leur proximité, ils auraient pu aider des habitants qui n’ont pas forcément les compétences pour remplir un dossier et impulser des idées en fonction des besoins identifiés dans le quartier.
Et puis, qui a pu voter pour ces projets ? La même question se pose : les habitants les plus investis se sont fortement impliqués. Ceux bénéficiant de réseaux (associations, établissement scolaire) ont pu plus facilement diffuser leurs idées pour inciter à voter. Ce projet de budget participatif doit-il renforcer l’implication des citoyens déjà acteurs de la vie municipale ou aider à raccrocher les habitants qui s’en seraient éloignés ?
Enfin, le rôle des élus dans la démocratie participative ne doit pas être occulté. N’est-il pas nécessaire d’identifier des besoins et des priorités, inscrits dans le projet municipal à partir desquels ces projets doivent s’appuyer ? Ce budget participatif est-il un prolongement des idées portées par les élus ou est-ce une occasion de financer d’autres projets ? On peut ainsi remarquer que beaucoup de lauréats proposent des projets écologistes ou solidaires (vélo, ruche, frigos solidaires) alors que ce ne sont pas des priorités de l’équipe municipale actuelle. Comment comprendre cette contradiction ?
Si le projet d’un budget participatif est une bonne idée, son mode de fonctionnement est déterminant pour ne pas transformer cette force de proposition citoyenne en simple boîte à idées.
Sophie FOUCHER MAILLARD
Conseillère départementale Angers 5