Angers
Angers : René Kouassi de retour des JO Londres, un champion de tir à l’arc atypique, au parcours étonnant.
EXCLUSIF.Le champion de tir à l’arc René Kouassi revient sur une année qui n’a pas été de tout repos, où il a porté haut les couleurs de la Côte d’Ivoire et d’Angers. Des championnats d’Afrique aux JO 2012, il livre ses impressions.
Le franco-ivoirien d’Avrillé n’a pas connu une carrière classique de sportif de haut niveau. C’est après un accident en 2008 qu’il rencontre le tir à l’arc. On lui conseille ce sport, car il lui permet de se muscler le dos. Il s’investit alors avec force et motivation dans le tir à l’arc, et présente rapidement des dispositions. En 2011, il participe aux championnats du monde à Turin, où il est confronté aux meilleures flèches mondiales. Cette progression subite le mène jusqu’à la victoire aux championnats d’Afrique en mars 2012. Il obtient alors une place pour les JO de Londres. Un véritable exploit, car il est le premier archer ivoirien à remporter un titre à ce niveau.
René Kouassi travaille alors d’arrache pied, pour être le plus performant possible lors des JO. Dans son coin, à Montreuil-Juigné, il enchaîne les tirs à 70m, creuse un sillon dans la terre, à force d’aller chercher les flèches planté au centre de la cible. Cette période n’est pas particulièrement fastueuse : il a délaissé son emploi afin de se consacrer pleinement au tir à l’arc. Il est aussi très peu soutenu par la fédération de tir à l’arc ivoirienne. Sans oublier que ce sport est méconnu auprès du grand public en Côte d’Ivoire. Les frais de préparation s’accumulent, et René Kouassi trouve finalement du soutien du côté de la World Archery (fédération internationale de tir à l’arc), qui lui fournit du matériel.
Les jeux de Londres resteront gravés dans sa mémoire. Il tombe avec les honneurs en 32ème de finale, face à Gaël Prévost, espoir français du tir à l’arc faisant parti des 10 meilleurs mondiaux et en prime-time sur France 2. Un combat serré en 5 manches, où René Kouassi a failli lors de la dernière flèche. « Le vent a changé de sens au dernier moment. J’aurai pu battre Gaël, car il avait énormément de pression, et j’étais décomplexé car il avait l’étiquette de favori ». Il garde d’excellents souvenirs du village olympique : « Tu rencontres des mecs comme Tony Parker ou Teddy Rinner, qui sont vraiment abordables et très ouverts ». La fierté se lit sur son visage, quand il dit qu’il a été le porte drapeau de la Côte d’ivoire lors de la cérémonie de clôture des jeux.
Après les JO de Londres, René Kouassi a tenu à se reposer. La préparation intensive qu’il a connu a été éprouvante. On aurait pu croire que sa participation aux jeux aurait eu un impact médiatique. Seulement ça n’a pas été le cas. « Les sponsors ne veulent pas parier sur un champion ayant éclos tardivement, ils préfèrent miser sur un jeune en pleine progression ».
Depuis le début de l’hiver, René Kouassi a mis le tir à l’arc entre parenthèse. Sa situation ne lui a pas laissé d’autre choix que de reprendre une formation professionnelle, il est maintenant pareur. Il a cependant intégré un club de D1 de tir à l’arc, le Stade Clermontois Archerie, avec le quel il va disputer des compétions dès cet été. Un club qui est bien conscient de sa situation personnelle.
René Kouassi a aussi d’autres projets. Il souhaite notamment développer le tir à l’arc en Côte d’Ivoire. « Il y a un fort potentiel là bas, ce qui serait bien, ce serait d’arriver à faire de la Côte d’Ivoire le pays n°1 du tir à l’arc en Afrique ». Bien sur les JO 2016 au Brésil sont dans sa tête, mais son esprit est tourné vers bien d’autres choses plus importantes pour le moment. Pour nous il reste une découverte et un véritable talent angevin.
Valentin Davaudeau