Culture
Un moment culturel intime pour les patients atteints d’AVC du CHU d’Angers.
Faire entrer la Culture et le théâtre au chevet des patients atteints d’AVC du CHU d’Angers, c’est l’un des projets de médiation culturelle de L’EPCC Anjou Théâtre cette année.
En lien avec le service de neurologie du CHU, une série de 5 lectures au chevet, intitulées Les hommes de papier, a débuté dans l’unité neuro-vasculaire depuis décembre 2017. Il s’agit de deux personnages, issus de l’imagination de la compagnie Nom d’un bouc, chuchotant à l’oreille des patients ou des soignants, de la poésie, du théâtre voire des paroles de chansons, avec pour unique but de les entraîner dans leur monde décalé entre rêverie éveillée et poésie teintée d’étrangeté. Pour un des artistes de la compagnie, Benjamin Tudoux, “c’est une parenthèse dans leur parcours de soin, un moment à part non intrusif, une proposition douce, dans l’intimité de la chambre de l’hôpital. Tout commence par un origami et un texte, que nous laissons au patient à notre départ, une trace de notre passage de ce moment partagé.”
Cette nouvelle forme théâtrale investit l’hôpital auprès des patients et des usagers comme une « une bouffée d’oxygène dans leur parcours de soin», comme l’explique le Docteur Sophie Godard-Ducceschi, neurologue responsable de l’unité neuro-vasculaire du CHU d’Angers. « L’accident vasculaire cérébral est un événement brutal. Les personnes qui en sont victimes peuvent se retrouver du jour au lendemain dans un état de dépendance totale.» Entre soins et rééducations, même si les patients ne restent que 7 jours en moyenne dans le service, ce moment à part est salvateur « Les patients qui ont pu bénéficier de ce moment culturel à leur chevet et qui avaient du mal à s’investir dans la rééducation ont retrouvé le sourire.» assure le médecin.
Une initiative culturelle proposée et portée par Nadia Moullière, cadre de santé en neurologie. « Les artistes sont venus à notre rencontre, fin novembre, pour se présenter et visiter les unités de Neurologie. Ils ont pu prendre connaissance de l’espace qui leur était donné dans les chambres des patients. Un temps d’échange a suivi et a permis de répondre aux interrogations des artistes et des soignants. Le Jour J, nous avons fait le choix d’un événement surprise : les patients pressentis – choisis en amont par l’ensemble de l’équipe – n’ont pas été prévenus de cette lecture au chevet. Leur état de santé pouvant évoluer et des examens étant parfois nécessaires, nous ne souhaitions pas proposer quelque chose sortant de l’ordinaire sans pouvoir l’honorer. L’autre versant intéressant de ce projet est sa durée. Les artistes, en quittant la chambre du patient, laissent un poème plié en origami. Le souvenir de cette lecture au chevet permet d’en discuter a posteriori avec le patient et ainsi d’aller au-delà du soin. Ce projet culturel a été vraiment apprécié : on ne s’attend pas à cela à l’hôpital et une belle dynamique s’est créée au sein de l’équipe de neurologie. »
Un véritable baume au cœur et qui donne à ces patients une ouverture sur l’extérieur après un événement brutal. Ce moment culturel se poursuit jusqu’au 12 juin au CHU d’Angers.
Anthony Marsault