Environnement
Dans le canal de Suez, l’«Ever Given» bouge enfin !
Déblocage à l’horizon : le porte-conteneurs Ever Given de 400 mètres de long qui obstrue le canal de Suez depuis près d’une semaine a commencé à bouger, augurant la sortie d’une crise qui occasionnait depuis mardi des milliards de dollars de pertes. L’arrière du navire de plus de 200 000 tonnes s’est éloigné de la rive ouest du canal, selon les sites de visualisation du trafic maritime Vesselfinder et myshiptracking consultés lundi matin.
Après cinq jours de travaux et de tentatives de renflouement, les espoirs reposaient en grande partie sur une marée haute dans la soirée de dimanche qui devait faciliter la tâche des sauveteurs. Le porte-parole de la SCA, George Safwat, avait précisé dimanche matin que quelque 27 000 m³ de sable avaient déjà été dégagés, à 18 mètres de profondeur. Mais les autorités reconnaissaient rencontrer des difficultés, notamment en raison de la nature rocheuse du sol. Au moins une douzaine de remorqueurs et des dragues pour aspirer le sable sous le navire, ont été mobilisés dans les opérations.
Le canal de Suez, long de quelque 190 km, voit passer environ 10 % du commerce maritime international et chaque journée d’indisponibilité entraîne d’importants retards et coûts. Au total, près de 400 navires étaient coincés dimanche aux extrémités et au milieu du canal reliant la mer Rouge à la mer Méditerranée, selon la SCA.
L’Autorité du canal de Suez (SCA) n’avait pas encore publié de confirmation officielle lundi aux premières heures de la matinée et on ignorait quand la circulation serait rétablie. Dans un communiqué publié vers 5 heures, la SCA se bornait à indiquer que «les manœuvres de remorquage pour renflouer le porte-conteneurs Ever Given ont commencé à l’aide de 10 remorqueurs géants».
Au-dessus des palmiers
En outre, la compagnie de service maritime Inchcape a annoncé de son côté que le navire était «renfloué», une information reprise par plusieurs médias. En fin de soirée dimanche, après l’échec des tentatives de renflouement, le fournisseur de services maritimes Leth Agencies avait affirmé dans un tweet que l’opération était reportée «jusqu’à ce que la puissance des remorqueurs soit suffisante». Toutefois, de son côté, la SCA n’avait annoncé aucun report, se bornant à dire dans un communiqué en début de soirée que «les opérations ont été intensifiées autour de la proue du navire».
Selon Ihab Talaat el-Bannane, ancien amiral égyptien, «l’accident s’est produit dans la partie du canal où le sol est rocheux et qui avait d’ailleurs été le plus difficile à creuser». Le porte-conteneurs battant pavillon panaméen était entouré dimanche matin de quelques remorqueurs. Haut d’une soixantaine de mètres avec son chargement, il dominait les champs et les palmiers alentour. Les environs étaient placés sous haute surveillance, avec des agents de sécurité du canal mais aussi des militaires et des policiers.
L’Ever Given est coincé depuis mardi en diagonale du canal, bloquant complètement cette voie d’eau d’environ 300 mètres de largeur parmi les plus fréquentées au monde. L’assureur Allianz a estimé vendredi que chaque jour d’immobilisation pourrait coûter entre six et 10 milliards de dollars au commerce mondial.
Et les premières conséquences se font déjà sentir : la Syrie a indiqué samedi avoir commencé à rationner les carburants, face au retard de livraison d’une cargaison de pétrole. Onze navires partis de Roumanie et transportant 130 000 moutons sont aussi affectés. La valeur totale des biens bloqués ou devant emprunter une autre route diffère selon les estimations, oscillant entre trois milliards de dollars et 9,6 milliards. Les autorités du canal ont affirmé que l’Egypte perdait entre 12 et 14 millions de dollars par jour de fermeture. Près de 19 000 navires ont emprunté le canal en 2020, selon la SCA.