Accroche Coeurs
Accroche-Coeurs 2011: Le groupe Magnifico
Retour sur Magnifico en prestation ce vendredi aux Accroche-coeurs à Angers.
Au beau milieu des Tontons flingueurs, Lino Ventura grogne : « Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ». Or, Magnifico ose tout ! Porter un nom bien trop grand pour ses frêles épaules de rocker slovène… Mêler guitares surf et cuivres des Balkans… Arborer une tenue de cowboy romantique sur la pochette de son nouvel album (après n’avoir porté qu’un string léopard sur une pochette précédente)… Chanter dans un anglais si limité qu’il ferait passer les textes de Manu Chao pour de délicats sonnets shakespeariens… Jouer d’une guitare – oh mon Dieu, pas ça ! – d’une horrible guitare à pans triangulaires, probablement rachetée bon marché à un groupe de hard rock allemand des années 80… Secouer ses petites fesses en gros plan sur ses clips, comme s’il était une danseuse de dancehall jamaïcain… Détourner The House of the Rising Sun pour en faire The Land of Champions, un hommage à feu la Yougoslavie qui doit faire grincer les dents de bien des nationalistes, en Slovénie ou dans les pays voisins. Magnifico ose tout et pourtant sa musique est loin d’être sotte. Elle est même un savant mélange, assumé et réussi, d’éléments aussi hétérogènes que les rythmes des Balkans, les effets électroniques, les refrains bubblegum, les accords de guitares des années 50… Avec une mention spéciale à ses emprunts à la musique des westerns spaghetti, qui donnent à certains titres du rocker à moustache une dimension épique et baroque follement balkanique.
Tout bien réfléchi, Magnification est l’un des disques les plus drôles qui nous soit parvenu d’ex- Yougoslavie depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Et aussi l’un des plus dansants. Dès que l’occasion se présentera, osez demander au DJ de passer Ubicu Te. En voyant, du plus haut des cieux, la foule sautiller bêtement sur la piste de danse, Michel Audiard, le dialoguiste des Tontons flingueurs, devra réécrire son texte. Magnifico ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît.
François Mauger
Remerciement à Philippe Caillebeau pour les photos