Biodiversité en AOC Saumur-Champigny : projet VEGEPOLYS transposable à d’autres cultures

Biodiversité en AOC Saumur-Champigny : projet VEGEPOLYS transposable à d'autres cultures

Le Syndicat des Producteurs de Saumur-Champigny souhaitant faire évoluer ses pratiques culturales, avec l’aide d’enseignants et de chercheurs, a mené des travaux de recherche et développement sur la biodiversité : réseau de piégeage des insectes nuisibles, mesure de la biodiversité dans les vignes, introduction de Zones Ecologiques Réservoirs (ZER)… Ce projet collaboratif, intitulé « Biodiversité et Paysage en Saumur-Champigny », labellisé par VEGEPOLYS, Pôle de compétitivité à vocation mondiale du végétal, porte aujourd’hui ses fruits puisque l’AOC va désormais pouvoir réduire significativement ses intrants (traitements contre des ravageurs, gestion de l’eau…) et valoriser cet atout auprès du consommateur. Ces résultats probants ouvrent des perspectives transposables sur d’autres cultures, tant en matière de réduction des intrants, de lutte contre l’érosion des sols que de création de zones de brumisation, de protection contre le vent…

Un projet de lutte naturelle contre les ravageurs

Dans les zones dont la culture principale est la vigne, la pression en ravageurs et maladies est souvent plus forte que dans les espaces mixtes, ce qui contraint les vignerons à recourir à des moyens de lutte chimique. Afin de trouver une alternative aux pesticides, le Syndicat des producteurs de Saumur-Champigny, accompagné par la Chambre d’Agriculture et des chercheurs de l’ESA d’Angers et de Bordeaux Sciences Agro, s’est engagé dès 2004 dans un programme d’analyse et de développement de la biodiversité sur la globalité de son territoire. L’objectif de ce programme, baptisé « Biodiversité et Paysage en Saumur-Champigny » et labellisé en 2008 par VEGEPOLYS, le Pôle de compétitivité à vocation mondiale du végétal, est d’optimiser les équilibres biologiques naturels au sein du vignoble en exploitant le potentiel des auxiliaires de culture pour gérer les ravageurs de la vigne

Le recensement des espèces animales et végétales sur le territoire

En 2004, la Chambre d’Agriculture réalise un diagnostic de l’appellation pour recenser les parcelles de vignes enherbées et non enherbées, les haies, les arbres isolés, les murs et murets, ainsi que les boisements. Ce diagnostic identifie des configurations paysagères variées. Il détaille également l’occupation du sol à l’échelle du vignoble : 32 % de vignes, 25 % de boisements, 19 % d’autres cultures, 9 % de zones urbanisées et 8 % d’espaces interstitiels (espaces non productifs semi-naturels situés aux abords des parcelles agricoles).

En parallèle, une quarantaine de parcelles sont équipées de pièges, afin de déterminer les espèces d’insectes présentes sur l’appellation et d’établir un lien entre biodiversité et paysage. Outre le recensement de plus de 700 morpho-espèces d’arthropodes, ces pièges ont permis d’observer la présence systématique des papillons Eudémis et Cochylis, les principaux bio-agresseurs de la vigne en Saumur-Champigny ainsi que la Cicadelle verte

L’implantation de Zones Ecologiques Réservoirs favorables à la biodiversité

Une Zone Ecologique Réservoir (ZER) est une zone « non cultivée » qui ne reçoit ni engrais, ni pesticides et dont l’entretien est strictement mécanique. Ces boisements, bosquets, talus, murets ou haies contribuent au développement de la biodiversité fonctionnelle (flore et faune), tout en stimulant les ennemis naturels des ravageurs. Dans le cadre du projet « Biodiversité et Paysage en Saumur-Champigny », les ZER ont fait l’objet de deux types d’actions complémentaires :

– recensement et protection des ZER existantes,

– création de ZER « corridors », permettant la diffusion des auxiliaires de culture jusqu’aux vignes. Grâce à la contribution de 78 des 130 producteurs coopérateurs et indépendants de l’appellation Saumur-Champigny, plus de 20 km de ZER ont été créées, avec plantation d’essences ligneuses. 26 essences d’arbres, arbustes et rampants ont été utilisées pour aménager les Zones Ecologiques Réservoirs. 9 d’entre elles (Troène, Eglantier, Prunellier, Sureau noir, Noisetier…) sont connues pour abriter des insectes auxiliaires parasites ou prédateurs des bio-agresseurs de la vigne.

Ce programme d’aménagement de ZER a été cofinancé par le Conseil Général de Maine et Loire, le Fonds européen Leader + et la Région Pays de la Loire, ainsi que le Syndicat des Producteurs de Saumur-Champigny.

Premiers résultats et perspectives pour d’autres types de cultures

Au terme de huit années de recherches, d’analyses et d’aménagements paysagers, les premiers résultats du projet « Biodiversité et Paysage en Saumur-Champigny » ont démontré un lien existant entre l’environnement paysager des parcelles de vignes et la présence de l’insecte Eudémis, notamment :

– plus il y a de vignes, plus la population d’Eudémis est importante,

– lorsque la vigne représente plus de 30 % du paysage, le risque que l’Eudémis se développe à des niveaux nuisibles augmente significativement,

– plus le paysage est varié autour d’une parcelle et plus ces éléments paysagers sont proches, moins on trouve d’Eudémis.

Au regard de ces différents résultats, le fractionnement des grandes parcelles de vignes à l’aide d’aménagement de Zones Ecologiques Réservoirs semble être un moyen pour réduire la présence du bio-agresseur Eudémis. Par ailleurs, ces ZER pourront renforcer la biodiversité (les haies sont en général 30% plus riches en biodiversité que la vigne) tout en remplissant d’autres fonctions essentielles :

– absorption des eaux de ruissellement,

– formation de brumes de condensation,

– lutte contre les vents et l’érosion des sols,

– délimitation des parcelles,

– embellissement des exploitations,

– amélioration de l’image et de la crédibilité de l’Appellation d’Origine Contrôlée.

Pour le plus grand plaisir des consommateurs

Les producteurs de Saumur Champigny ont su créer une relation de proximité avec leurs clients, basée sur le partage de l’amour de leur métier et de leurs produits. Ce projet répond parfaitement aux attentes de leurs clients qui sont sensibles au-delà du produit lui-même, aux modes de production utilisés et au paysage qui caractérise l’AOC. C’est pourquoi les vignerons de Saumur-Champigny ont en permanence à cœur de produire des vins reflétant fidèlement l’identité de ce terroir bien spécifique, qui repose sur 3 facettes essentielles :

– sa richesse argilo-calcaire. Grâce au tuffeau, une roche calcaire qui absorbe les précipitations hivernales et restitue parcimonieusement une partie de cette eau durant les longues périodes de sécheresse, la vigne dispose sans excès d’une alimentation hydrique régulière, nécessaire à la parfaite maturation des raisins.

– sa forte capacité à emmagasiner la chaleur solaire le jour pour la restituer la nuit. Le nom Champigny provient d’ailleurs du latin  » Campus Ignis » qui signifie : champs de feu.

– son climat. Situé à la limite Est de l’influence océanique, ce qui atténue légèrement les extrêmes estivaux et relève sensiblement ceux de l’hiver, le vignoble jouit d’une pluviosité particulièrement faible et de la plus forte moyenne de température de la région Pays de la Loire (15,7°C).

Un projet labellisé par VEGEPOLYS, le Pôle de compétitivité à vocation mondiale du végétal

Ce projet collaboratif a été labellisé en 2008 par VEGEPOLYS, le Pôle de compétitivité à vocation mondiale du végétal, en raison des 3 intérêts principaux de sa démarche :

– intérêt économique : soutien à la filière viticole et à l’appellation Saumur-Champigny en particulier,

– intérêt écologique : maintien et développement de la biodiversité sur le vignoble,

– intérêt scientifique : recherche des relations existant entre le paysage et les insectes nuisibles.

Premier projet à l’échelle d’une Appellation d’Origine Contrôlée, le programme « Biodiversité et Paysage en Saumur-Champigny » bénéficie d’un budget prévisionnel de 350 000 €, cofinancé par la Région Pays de la Loire, l’Agglomération de Saumur et les producteurs de Saumur-Champigny.