Angers
Festival d’Anjou. N.Briançon « Je ne sais pas si nous ouvrirons le rideau demain. »
Demain soir, le Festival d’Anjou s’ouvre avec la pièce de Francis Perrin « Molière malgré moi » mais un préavis de grêve des intermittents du spectacle plane sur le festival angevin.Ils contestent un accord concernant les nouvelles règles de l’assurance-chômage.
Acteurs, régisseurs, musiciens, techniciens, les intermittents du spectacle travaillent justement par intermittence, le temps d’une pièce de théâtre, d’une émission de télévision, d’une série de concerts… Du fait de ce statut précaire, les intermittents bénéficient d’une indemnisation chômage spécifique, relevant des annexes 8 et 10 de la convention d’assurance-chômage de l’Unédic, indiquait encore dernièrement Ouest-France. En 2012, 112 00 intermittents étaient indemnisés, soit 3,5% des allocataires de l’Unédic. Des intermittents qui représentent les deux tiers des salariés du spectacle.
Or, la Cour ces comptes estime dans un rapport, datant du 26 novembre 2013, que le déficit du régime des intermittents du spectacle atteint 1 milliard d’euros par an, soit le quart du déficit annuel de l’assurance-chômage. Un chiffre corrigé à 320 millions d’euros par Jean-Patrick Gille député PS, médiateur du conflit et auteur d’un rapport parlementaire sur le sujet en 2013. Depuis, un nouvel accord sur l’assurance-chômage, établi le 22 mars entre le patronat, la CFDT, FO et la CGC, durcit le régime des intermittents.L’accord prévoit un plafonnement des indemnités à 5 475 euros bruts par mois. Un « différé » d’indemnisation est également mis en place. En clair, les intermittents devront attendre avant de toucher leurs indemnités. Enfin, les cotisations sur les salaires devraient progresser. De 10,8%, elles passeraient à 12,8% : 8% pour les employeurs et 4,8% pour les salariés.
Dans une tribune publiée dans Libération, les intermittents jugent que « les mesures prévues viendraient aggraver le système en vigueur depuis 2003, dont les règles ont déjà prouvé leur injustice et leur inefficacité » et que « les salariés les plus précaires et les structures les plus fragiles seraient particulièrement affectés ».Ce que partage aussi Nicolas Briançon à la tête du festival angevin « Ce que nous réclamons, c’est d’être entendus ! […] nous pensons que l’accord proposé par le gouvernement n’est pas à la hauteur des enjeux, qu’il a été fait sur un bout de table. Les solutions proposées n’ont même pas été discutées avec les principaux intéressés.Le gouvernement et les parlementaires se sont arrangés sur le dos de l’intermittence. Cette réforme a été actée par des gens qui n’y comprennent rien. » En 2003, le gouvernement alors de droite avait mené une première réforme du statut d’intermittent occasionnant une série d’annulations de festivals de l’été
Ce soir dans le Nouvel Obs, Nicolas Briançon, Directeur du Festival d’Anjou indique « L’équipe technique du festival d’Anjou, que je dirige, a déposé un préavis de grève pour la journée de mardi. Et même si j’espère que nous assurerons le festival, je les soutiens. Comme moi, tous les patrons de festival s’opposent à cette réforme. » et de poursuivre « Je discute avec la CGT pour trouver un compromis. Je voudrais qu’il y ait une intervention demain et que nous mettions à disposition du public un lieu pour comprendre. Car il est tout à fait normal que le public soit perdu, qu’il ne saisisse pas les enjeux. Il faut qu’il sache que ce sont nous, ceux qui emploient des intermittents, qui cotisent le plus, avec les intermittents eux-mêmes. »