Angers
« Les Hurlements d’Leo » de retour le 19 Mai au Chabada
LES HURLEMENTS D’LEO, sont de retour après cinq ans de silence, avec le meilleur album de leur discographie (“Bordel de luxe” paru le 28 février) !
Leur longue tournée (plus de 100 dates en 2011 !) s’arrête près de chez vous le jeudi 19 mai à Angers au Chabada.
Du rock au verbe soigné et écorché, une fougue retrouvée, les Hurlements se savent attendus et ils ont peaufiné leur travail avec minutie. A découvrir sur scène.
Trois ans, c’est peu pour une séparation. Mais ça laisse suffisamment de temps pour retrouver l’énergie qui les alimente en continu depuis quinze ans. Car c’est cette énergie qui nourrit les débuts ravageurs des HURLEMENTS D’LÉO : « On a eu du succès parce qu’on s’en branlait. On était mobiles et sans complexes. » Laurent Kebous retrace avec recul les premiers pas si peu hésitants d’un groupe qui allait faire retentir au début des années 2000 les échos bouleversés du mouvement alternatif.
A leur façon, les Hurlements reprenaient un flambeau avec lequel ils allaient enflammer les scènes aux quatre vents du globe. De la chanson française que l’on disait déjà « nouvelle », ils respiraient le goût des textes bien foutus. De l’alternatif des 80’s, ils reprenaient la démarche et l’esprit, la volonté d’aller, même vent debout, mettre leurs tripes sur scène juste pour la gloire fugace de se dire que le concert était bien ce soir là. Qui se souvient encore les avoir vu au Boqueron, dans le quartier Saint-Michel, pour leur premier vrai concert en 1996 ? Pas grand monde sans doute, la salle était petite, elle l’est toujours, elle s’échauffait vite et les Hurlements étaient venus pour ça. Ils étaient encore « de piètres guitaristes » mais ils n’étaient pas les seuls et ils étaient surtout peu nombreux à avoir cette fougue et cette envie. Au point d’emprunter 8000 balles pour faire un premier disque en 98, d’espérer en tirer une bonne petite tournée régionale et de se retrouver avec une bonne grosse tournée nationale qui les a embarqué dans un autre monde : « Nous, on voulait jouer partout. On s’en foutait où on dormait, ce qu’on mangeait, où on était logé ».
L’énergie et le voyage, c’est là le duo magique qui faisait se consumer les huit gars de Bordeaux. Ils seront servis : 50 000 exemplaires vendus du « Café des jours heureux », voilà qui ouvre un boulevard pour la suite : « La belle affaire » en 2000, qui les embarque vers ce qui les fait vibrer. Une tournée dans 22 pays, saturation des passeports mais pas de l’envie. Une rencontre avec LES OGRES DE BARBACK et c’est « Un air deux familles » en 2001, vaste barnum musical, balade à quarante dans six pays pendant six mois, des tonnes de discussions et le début d’une autre version des Hurlements, une version où les musiciens se complètent d’autre chose de moins palpable, comme l’impression d’être autre chose que des musiciens justement, d’avoir aussi des projets à défendre, des choix à faire valoir, un monde différent à construire. Et des échanges à engranger. LES HURLEMENTS D’LÉO deviennent une galaxie où naviguent plein de gens. Les Allemands de 17 Hippies bien sûr, avec qui ils forment un temps les « Hardcore Trobadors », mais aussi les Zombie Eaters, LaRéplik, les Sleepers… Une vaste auberge espagnole où tout le monde se croise dans le bruit et la fureur scénique, une auberge de moins en moins centralisée puisque sur les huit du départ, qui partageaient une grande baraque à Bordeaux, seuls deux sont restés dans la ville d’origine. Mais le tempo est là, qui a déjà embarqué tout le monde dans un troisième album (« Ouest Terne ») et qui maintient l’unité, un peu comme une force centripète qui ramène tout le monde au bercail lorsqu’il s’agit de partager des concerts, des instants de musique. Mais la tentation de la démultiplication est là, qui harangue son monde pour de plus en plus de collaborations, de projets annexes qui deviennent principaux et en 2006, l’album « Temps suspendu » suspend pour un temps les Hurlements. Plus la même envie, grosse fatigue après dix ans de vie commune, communautaire, communion musicale et personnelle qui use une énergie que l’on croyait inépuisable tellement elle était généreusement distribuée. Réunions, réflexions, discussions : quatre jettent l’éponge, quatre s’accordent une pause, pour voir.
Généralement, c’est ainsi que finit un groupe en attendant qu’une vague de nostalgie les fasse reprendre la route vingt ans pus tard. Heureusement, LES HURLEMENTS D’LÉO ne mangent pas de ce pain aigre du souvenir frelaté. Chacun part de son côté mais jamais trop loin des autres. On se croise, se recroise, on fait des choses ensemble, ou pas, mais l’esprit du groupe reste présent et lorsqu’en 2009, Pepito, le trompettiste, rameute tout le monde pour repiquer au truc, le temps de la réflexion s’impose mais les quatre qui n’avaient pas raccroché répondent présents. Quatre « nouveaux » sont intégrés, qui avaient tous plus ou moins fait un bout de route avec les Hurlements, répétitions campagnardes chez Laurent Kébous, tournée préparatoire en Russie pour remettre les choses en place et c’est reparti pour une nouvelle aventure.
« BORDEL DE LUXE », c’est la réponse du groupe au découragement ambiant, la même volonté de prendre le monde à bras le corps, de taper du poing sur la table en rappelant des choses essentielles. Fred Norguet aux manettes (3zekiel, Spicy Box, Burning Heads), un enregistrement dans la campagne bordelaise pour ne rien sacrifier au confort et au final, un objet classieux et superbement ficelé, sans doute le plus travaillé de la discographie des Hurlements. L’album de la maturité, on vous l’a déjà fait ce coup là ?
Puisqu’il en faut un, c’est celui-là. Tant au niveau musical, plus travaillé, avec de belles prises de gros son qui alimentent de belles parties acoustiques, qu’au niveau de l’état d’esprit. Les HDL savent qu’on les attend et ils ont peaufiné leur travail. Ils sont moins boulimiques aussi : moins de dates, pas de tournées marathon qui n’en finissent plus et rabotent l’envie mais des concerts mieux calés où ils pourront davantage tout livrer, mettre à nouveaux leur âme sur scène et gueuler leur fougue retrouvée : « Le plaisir au maximum et sus aux peines à jouir ».Le même bordel mais le luxe en plus.