Sante
Une nouvelle expérimentation déployée au CHU d’Angers pour mieux comprendre le quotidien des malades souffrant de MICI
Au CHU d’Angers, une trentaine d’hospitaliers vont s’immerger, aujourd’hui et demain, dans le quotidien des malades souffrant de MICI au travers de l’application In their shoes. Souvent taboues et perçues comme honteuses, ces maladies se caractérisent par une inflammation chronique de l’intestin qui ne se guérie pas.
C’est une nouvelle façon d’aborder la médecine, en plongeant l’équipe médicale au cœur des souffrances endurées par le patient… Après avoir été déployée dans 15 centres hospitaliers de France (dont Toulouse, Nice, Nancy, Lille, Paris, Créteil, Dunkerque, Bordeaux, Nantes, Amiens), c’est au tour du CHU d’Angers de s’immerger dans le quotidien des personnes atteintes de MICI. Comprenez par MICI des maladies souvent invisibles et « honteuses » pour ceux qui en souffrent. Elles regroupent principalement la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique dit RCH. Selon l’Observatoire des MICI et SNIRRAM, 8.000 nouveaux cas sont déplorés chaque année, soit un cas diagnostiqué en France toutes les heures. En Pays de la Loire, une augmentation de 6% de cas de MICI sur l’année a été remarquée par les équipes médicales.
Ces maladies inflammatoires chroniques de l’intestin provoquent une inflammation du tube digestif, avec des douleurs abdominales, de nombreuses diarrhées (de 10 à 15 par jour), de la fatigue, de la fièvre et une perte de poids. « Si on soigne le cancer aujourd’hui, on se sait pas encore guérir des MICI… seule une action sur l’inflammation est possible par la prise quotidienne de comprimés ou un traitement injectable toutes les 4 à 8 semaines » explique le docteur Élodie Métivier du CHU d’Angers.
In their shoes, l’application smartphone pour mieux comprendre le quotidien des malades
Une trentaine d’hospitaliers du CHU d’Angers (médecins gastroentérologues, chirurgiens, pharmaciens, infirmiers, aides-soignantes et secrétaires) vont commencer l’expérience de se mettre dans le quotidien des malades dès aujourd’hui. « Jusqu’à demain, on va se sensibiliser aux symptômes pour mieux cerner les souffrances des malades » explique le docteur Maud Baril. Proposée par l’association AFA Crohn RCH France et Takeda, cette expérience est évaluée à 36 heures. « Avec cette application In their shoes, on est invité à travailler aux rythmes des messages, appels et défis reçus au fil de la journée, et de la nuit pour celles et ceux qui le souhaitent » explique Bénédicte Freyler, responsable de la communication du laboratoire pharmaceutique Takeda. « C’est un jeu de rôle, avec en complément un kit spécial avec une alaise, une ceinture (etc) pour simuler les douleurs, afin de cerner plus efficacement les difficultés physiques, psychologiques et sociales de nos patients » complète Bénédicte Freyler. 70 notifications seront envoyées lors des tests (photo ci-contre), et des conseils seront adressés grâce à l’application In Their Shoes. C’est une première au CHU d’Angers. On connaitra les résultats du test jeudi, en fin d’après-midi.
Non transmissibles, la maladie de Crohn et la RCH sont développées principalement dans les pays industriels. Les causes envisagées seraient dues à des conditions environnementales particulières (forte pollution de l’air, addictifs alimentaires, mauvaise hygiène de vie, etc.). « Le taux d’ensoleillement joue beaucoup également, moins on a de soleil, plus on a de risque de contracter ses maladies » souligne le docteur Élodie Métivier. On constate enfin que la maladie est principalement active chez les jeunes adultes âgés de 20 à 35 ans, avec une hausse de 150% des cas constatés auprès des adolescents de 11 à 15 ans.