Justice
Procès des mineurs de Viry-Chatillon. A Angers, les versions s’opposent chez les policiers.
Un verdict «incompréhensible», une décision «écoeurante et inquiétante» : les syndicats de police ne manquent pas d’adjectifs pour qualifier l’issue du procès en appel de la violente agression de policiers à Viry-Châtillon (Essonne), en 2016. Ce mardi 20 avril, certains ont décidé d’exprimer leur colère lors de rassemblements comme à Angers ce midi devant le tribunal, Place Leclerc.
L’appel a été lancé par le syndicat Alliance, après l’annonce du verdict, dimanche 18 avril. La cour d’assises des mineurs de Paris a condamné en appel cinq jeunes à des peines allant de 6 à 18 ans de réclusion criminelle pour tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique. Les huit autres accusés ont été acquittés.
Pour rappel, il était reproché à ces 13 jeunes, âgés de 16 à 21 ans au moment des faits, d’avoir fait partie d’un groupe d’une vingtaine de personnes ayant attaqué deux voitures de police, le 8 octobre 2016 à Viry-Châtillon. Les assaillants avaient notamment brisé les vitres et jeté des cocktails Molotov dans les habitacles. Deux agents, un homme et une femme, avaient été gravement brûlés.
«Aujourd’hui je pense à mes collègues victimes, laissés à leur sort, qui ne doivent pas se sentir réparés à le hauteur du préjudice qu’ils ont subi», a déploré Grégory Joron, secrétaire général délégué d’Unité.
Dans un communiqué de presse publié le 18 avril, le syndicat Alliance dénonçait déjà «la clémence», voire «le laxisme» de la justice française dans cette affaire. Ses membres demandent notamment que «les peines maximales prévues par le code pénal» soient «appliquées systématiquement pour les agresseurs de policiers», tout en étant «incompressibles».
A Angers, tout le monde n’est pas du même avis
C’est le cas à Angers où l’appel du syndicat Alliance se heurte au refus de la section locale de l’USGP-FO. Lundi 19 avril, ses représentants ont invité les policiers à ne pas céder «à l’émotion et à la démagogie en opposant une fois de plus police et justice».
Philippe Boussion, secrétaire régional dont les propos sont rapportés par Ouest France, affirme que «crier aux loups avec la meute sans rien connaître d’un dossier, sans avoir assisté aux débats lors des audiences, ce n’est pas soutenir les victimes forcément déçues, c’est nourrir leur déception, leur colère». Sans nier «des faits commis à l’encontre de policiers d’une rare atrocité», il craint néanmoins que «l’émotion légitime suscitée par le verdict» soit «instrumentalisée».
Ce mardi midi, une quarantaine de policiers soutenu par le syndicat Alliance Police Nationale étaient rassemblés devant le Tribunal d’Angers.