Angers
Disparition de François Morellet. Hommage de C. Gillet et de C. Béchu
Le plasticien François MORELLET, habitant et originaire du Maine-et-Loire s’est éteint ce mercredi 11 mai 2016 à Cholet, à l’âge de 90 ans.
« C’est avec une profonde tristesse que la Ville d’Angers a appris le décès de l’artiste François MORELLET, l’un des plus importants représentants de l’art géométrique et minimaliste français. M. MORELLET entretenait depuis les années 70 une intense relation artistique et humaine avec la Ville d’Angers et son musée des Beaux-Arts, qui lui a consacré de nombreuses expositions » a déclaré Christophe BECHU, maire d’Angers. « Je tiens à saluer la mémoire et le talent de cet artiste hors‐norme, né à Cholet où il a toujours résidé, annonce Christian Gillet, président du Département de Maine-et-Loire. Je ne pourrais oublier ce délicieux personnage qui a marqué les lieux et les espaces de sa griffe géométrique et minimaliste ».
Né en 1926, François MORELLET a commencé à peindre en 1942. C’est en 1950 qu’il se consacre à l’abstraction. En 1952, il adhère aux principes de l’art concret : composition plane, facture neutre et anonyme, économie de moyens, auxquels il ajoute un goût personnel pour les lignes, la répétition et la provocation. Après son travail sur les éléments géométriques, il s’intéresse dans les années 1970 à ce qui se passe autour du tableau. A partir de 1998, il imagine une ligne, infinie, au cheminement imprévisible, qui se génère elle-même grâce à l’emploi des décimales qui composent le nombre Pi.
« Depuis la réouverture du musée des Beaux-Arts en 2004, grâce à des dons de l’artiste et des achats par la Ville d’Angers, les œuvres de François MORELLET ont pu être présentées au public : depuis les tableaux géométriques des années 50 aux variations de Pi des années 2000, dont l’emblématique π 12 (2006) qui orne l’un des murs extérieurs du musée. L’ensemble offre un panorama assez complet de la démarche de l’un des plus grands artistes de sa génération sur la scène artistique française et internationale », explique Alain FOUQUET, adjoint à la culture de la Ville d’Angers.
La grande constante du travail de François MORELLET aura été d’éliminer ses décisions subjectives, de laisser aux systèmes, utilisant ou non le hasard, le rôle et la place de l’artiste. C’est à travers ses systèmes qu’il a déstabilisé les œuvres et les spectateurs, changé les lignes en bandes ou en poutres ou en néons. Ce plasticien rigoureux cultive en parallèle son goût pour la légèreté. Son systématisme, combiné à l’absurde et à un humour qui lui est propre, fait de François MORELLET un artiste intournable et paradoxal.
Du musée d’art et d’histoire de Cholet, au lycée Bergson ou encore sur la façade du musée des Beaux‐Arts à Angers, ces oeuvres ont émaillé le Maine-et-Loire, sans compter leur rayonnement en Europe du Nord jusqu’aux États‐Unis.
Avec sa disparition, l’Anjou perd un artiste de renom international, précurseur, profondément humain et attaché à ses racines choletaises. En 2014, il livrait cet épitaphe, non sans humour qu’il savait maîtriser habilement : « D’ailleurs, il n’y aura pas
besoin de se casser la tête pour ma nécrologie, il suffira d’écrire : Né, a vécu et a été incinéré à Cholet ! »
***
Une performance en mémoire de François MORELLET, intitulée No End Neon et proposée par le Conservatoire à rayonnement régional, sera présentée lors de la Nuit Européenne, samedi 21 mai 2016, dans la salle du Musée des Beaux-Arts d’Angers qui lui est dédiée.
« Si je crois à quelque chose, et très gravement, c’est à la frivolité de l’art et aussi, bien sûr, au plaisir qu’il donne. »
François Morellet, 1982