Social
Protection de l’enfance. La réponse de Christian Gillet aux manifestants
Ces dernières semaines, les manifestations contre l’appel à projet de la protection de l’enfance du conseil du département de Maine-et-Loire ont fait réagir Christian Gillet, président du conseil départemental. Il souhaite de remettre les choses à l’endroit.
Il réaffirme de « manière solennel que la protection de l’enfance est au coeur des missions départementales ». Pour Christian Gillet, « s’il n’y avait qu’une compétence à laquelle nous somme très attachés, c’est bien les solidarités, la protection de l’enfance. »
Le président du conseil départemental part d’un constat, « la justice nous confie plus enfants que dans d’autres départements ». « On a 2 250 enfants confiés au département, c’est 200 de plus qu’au 1er janvier de l’année dernière » explique l’élu UDI. « Dont 350 mineurs d’origine étrangère. C’est une explosion alors qu’ils étaient 220 en 2016 » précise-t-il. « Cela fait 1 900 enfants du département confiés à la justice ».
Christian Gillet fustige « j’ai lu dans la presse que le président Gillet ne connaissait pas le dossier de l’aide sociale en France. Je voudrais dire aux jeunes éducateurs qui présentent cela que j’ai été pendant 25 ans médecin de famille. Le problème des enfants en difficulté je le connais de l’intérieur et de l’extérieur ». L’ancien médecin rappelle, « j’ai fait personnellement un certain nombre de signalements d’enfants en danger. J’ai aussi été président des affaires sociales pendant 15 ans. Je sais comment tout cela fonctionne. Quand j’entends ce genre de choses, cela ne me fait pas sourire, cela me rend triste au contraire. »
Une « instrumentalisation des enfants et des parents »
Christian Gillet se lève « formellement, solennellement contre l’instrumentalisation des enfants et des parents par certaines organisations syndicales ». Une instrumentalisation qui irait jusqu’à « entraîner dans des manifestations des enfants mineurs confiés par la justice au département. Je suis choqué, indigné. J’estime qu’il s’agit d’une faute professionnelle extrêmement grave de la part des éducateurs notamment celle de Cholet ».
Il accuse le comportement des associations qui ont manifesté, « ils ont fait témoigner des jeunes filles mineures, les ont entrainé dans des manifestations de salariés. Ça ce n’est pas admissible, cela ne sera plus toléré. Je demanderai l’avis de la justice sur cette affaire car entraîner des mineurs qui sont déjà déstabilisés qui ont subi des violences ce n’est pas acceptable. »
Le président du conseil départemental dénonce également « la manipulation et la désinformation des salariés et des parents par certaines organisations. Elles font peur en disant qu’ils vont tous être licenciés que les enfants seront à la rue ». « J’ai une lettre d’un directeur d’association que je ne citerai pas mais qui dit aux parents des enfants que leurs enfants vont partir, les salariés aussi. C’est inadmissible » dévoile l’élu.
Christian Gillet signale aussi une « tentative de récupération politicienne par la minorité conduite par Gregory Blanc. Elle affirme qu’elle n’était pas au courant, ce qui est totalement faux ». « Marie-Pierre Martin (ndlr : commission des affaires sociales) a informé la majorité comme la minorité des motifs de l’appel à projet, du déroulement, des conditions et à la loi de 2016 sur la protection de l’enfance » rappelle-t-il
« L’appel à projet enfance figure dans le projet de mandature voté par la majorité en 2015. Et il figure expressément dans le schéma départemental « enfance, famille » voté par la majorité du département en 2016″ justifie l’élu UDI. « Et je signale que la minorité n’a voté ni le projet de mandature, ni le schéma départemental. Elle s’étonne ensuite de ne pas avoir été dans la commission de sélection. Sa participation aurait été curieuse dans un dossier qu’elle n’approuvait pas » tacle Christian Gillet. « Mais au sein de la commission des affaires sociales, il n’y a jamais eu de l’hostilité manifeste à ce projet » prétend le président du conseil départemental
L’appel à projet est parti « d’un certain nombre de constats partagés avec tous les présidents d’associations et directeurs depuis deux ans ». « En juin 2015, je leur avais adressé un courrier qui présentait la situation. Le département allait faire un appel à projet et je les ai invités à y participer. Donc, ils ne peuvent pas dire qu’ils n’étaient pas au courant » répond Christian Gillet. Il assure qu’il y a eu quatre réunions spécifiques pour expliquer le sujet avec tous les directeurs des associations et le constat a été unanime.
Les raisons de l’appel à projet
Premièrement, « nous avons un allongement des délais de placement des enfants confiés par OPP (Ordonnance de Placement Provisoire) judiciaire décidé par le juge des enfants ». L’élu assure que « les associations tergiversaient, refusaient ces placements immédiats décidée par la justice. Sous le prétexte de critères d’accueil propre à chaque association mais au détriment des besoins du département. Les refus venaient souvent des différences d’âge qui ne correspondaient pas avec les groupes, des pathologies des enfants qui risquaient d’être déstabilisés ». Alors que le département « doit les placer dans les 24 heures ». En 2014, 90 enfants étaient en attente de placement. Aujourd’hui, ils sont 29. « Alors que 25 places sont libres dans les associations et financées par le conseil départemental (le coût moyen d’un enfant est de 170 € par jour) » explique le président du conseil départemental.
Deuxièmement, il y a un « déséquilibre des places » en Maine-et-Loire. « 60 % des places d’accueil sont sur l’agglomération angevine alors que 60 % des enfants qui ont besoin de ces places sont issus hors de l’agglomération d’Angers » pointe du doigt Christian Gillet. Il y a « des délais de transport et un coût de 3-4 millions d’euros de frais de taxis pour les enfants. On veut rapprocher les enfants de leurs familles » constate-t-il. Pour cela, il faut « redistribuer les places d’accueil dans le centre du département avec l’agglomération, dans le Nord avec Segré, à l’Est avec Saumur et Baugé puis à l’Ouest avec Cholet » indique le président du conseil départemental. Faute de places, « il y a 50 enfants qui sont placés hors de Maine-et-Loire ».
Troisièmement, « 60 % des enfants placés sont frères et soeurs ». « Il n’y a pas d’accueil spécialisé pour les fratries » pour Christian Gillet. Seulement « 10 % arrivent à rester ensemble ». « D’où le « succès de SOS enfants » dans l’appel à projet qui pratique presque que de l’accueil des fratries. « Une autre association le faisait aussi « Les écureuils » mais ils n’avaient que 15 places » indique le président du conseil départemental.
Le rapport des CRC (Chambres Régionales des Comptes) des Pays de la Loire confirme les dépenses trop élevées du département pour les ASE (Aides Sociales à l’Enfance). Parmi les départements français, « le Maine-et-Loire est celui qui dépense le plus pour l’accueil social des enfants » rappelle Christian Gillet. « Les dépenses par habitant sont supérieures de 30 % » (72 € contre 52 € en France) par rapport au reste de la France. « Le taux d’encadrement des enfants est supérieur à la moyenne nationale, de l’ordre de un éducateur pour un enfant contrairement en Loire Atlantique en 2012 où le taux est de 0,82 » explique l’élu. Les dépenses d’aides sociales à l’enfance en 2014 sont « au-dessus du niveau national, 27,9 % contre 25% dans le département ».
« On ne peut pas imposer aux associations de reprendre les salariés »
« La loi ne nous permettent pas d’imposer de reprendre des salariés pour un appel à projet mais pour un appel d’offres oui » déplore Christian Gillet. Cependant, « les huit associations qui ont été retenues par l’appel à projet ont répondu à l’unanimité oui pour reprendre des salariés ».
« On va faire des efforts financiers pour que des salariés d’associations angevines puissent être repris malgré qu’ils gagnent des salaires plus importants. Notre but c’est de ne pas avoir de licenciement ou minime » assure le président du conseil départemental.
Le conseil départemental va favoriser les fusions, les regroupements d’associations parmi celles non retenues. « Certaines le font déjà ». L’APECH à Cholet, ou les Tourelles à Saumur, « ont tout intérêt à fusionner avec des associations retenues car ils ont besoin de nouveaux salariés » explique Christian Gillet.
Christian Gillet est catégorique, « les associations n’ont pas évolué avec le temps. Il y a un fonctionnement très ancien, conservateur et les enfants d’aujourd’hui ne sont pas les enfants d’il y a dix ans. Ils sont plus déstructurés car les familles le sont plus et ils sont plus violents car la société l’est plus. »
La chambre régionale des comptes « dit que nous avons trop laissé la main aux associations ». Il engage sa responsabilité, « dans le passé, nous avons été plus à l’écoute des problèmes des associations que pour les problèmes des enfants. L’association doit s’adapter. C’est l’intérêt de l’enfant qui compte. »
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