Citoyenneté
L’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940, c’est quoi ?
Il y a tout juste 80 ans, le général de Gaulle lançait un appel à ses compatriotes : « La flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». Par ce discours prononcé depuis la BBC à Londres il refuse la défaite française.
Le 18 juin 1940, dans un discours prononcé depuis la BBC à Londres, un général français n’accepte pas la défaite. Il va franchir le Rubicon et forcer le destin.
Le 18 juin 1940, peu avant 18 heures, le général de Gaulle pénètre dans le studio 4 B de la BBC. Il s’assied à la table ronde recouverte de tissus sur laquelle est posé le micro. Le présentateur français Maurice Thierry se lève pour l’accueillir. En effet, la BBC diffuse trois fois par jour des nouvelles en français. La stagiaire anglaise, Elizabeth Baker, qui l’a accompagné jusqu’au studio à travers les couloirs du quatrième étage de Broadcasting House, l’immeuble de la BBC, assiste à l’enregistrement. Le général pose son képi renversé à côté de lui ainsi que ses gants blancs. Maurice Thierry lit un court texte de présentation. De Gaulle commence à parler. Elizabeth Barker le décrit ainsi : « Il fixait le micro comme si c’était la France personnifiée et comme s’il voulait l’hypnotiser. Sa voix était claire, ferme et un peu forte, celle d’un homme s’adressant à ses soldats avant la bataille… Il ne paraissait pas nerveux mais extrêmement tendu comme s’il concentrait ses forces en un seul instant. »
De Gaulle lui-même dira : « À mesure que s’envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie, celle que j’avais menée dans le cadre d’une France solide et d’une indivisible armée. À 49 ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries ».
C’est un bref discours de quatre minutes dans lequel il reprend, par trois fois, comme un leitmotiv « La France n’est pas seule ». Le point fort du discours est celui-ci : « Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu’il arrive, la flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. »
Le discours sera diffusé à 22 heures. 48 heures auparavant, le général avait donné sa démission de Sous-Secrétaire d’Etat à la Guerre. Il venait d’apprendre que le président du Conseil, Paul Reynaud, avait cédé sa place au maréchal Pétain. Le lendemain, 17 juin, il gagnait Londres dans un avion britannique en compagnie de son aide-de-camp Geoffroy de Courcel et du général Spears, l’envoyé spécial de Churchill auprès du gouvernement français. Comment de Gaulle a-t-il obtenu, dès le jour de son arrivée à Londres, l’autorisation de lancer son appel le lendemain même, sur les ondes de la BBC ?