Angers
Finances à Angers. Le choix important que devront faire ce soir les élus.
Christophe Béchu rendra public ce soir (20h30) , lors du conseil municipal, les résultats et les conclusions de l’une de ses promesses phares de campagne, l’audit financier sur les comptes de la ville et surprise, il en dévoile une nouvelle, il propose d’inscrire dès maintenant 2.2 Millions d’euros pour la voirie municipale, une autre promesse de campagne. Nous vous proposons une analyse des principaux indicateurs économiques de notre ville qui seront présentés ce soir et le choix important que devront faire les élus angevins.
Réunissant la presse ce vendredi, avant le conseil municipal de ce soir, le nouveau maire d’Angers explique ses choix «La situation n’est pas mauvaise, en revanche quand on regarde la trajectoire, c’est-à-dire d’où on vient et où on est en train d’aller, il y a un sujet qui est celui de la dégradation des équilibres financiers de la ville.Pour être clair, durant le précédent mandat malgré une hausse de la fiscalité, il y eu un effet de ciseaux, les dépenses d’investissement ont augmenté plus vite que les dépenses de fonctionnement (ex: Aquavita et les dépenses de la Cité)[…] On va profité de ce budget supplémentaire pour faire les premières coupes budgétaires.On va annuler 12,2 Millions d’euros d’investissement et on va inscrire 2.2 Millions d’euros de dépenses nouvelles au titre du plan d’urgence voirie et on va annuler 15 millions d’emprunts tout de suite.»
Dans le détail, le rapport que présentera ce lundi soir le maire d’Angers commence par cette introduction plus ou moins lapidaire : « L’exercice budgétaire 2013 est caractérisé par des dépenses d’investissement direct élevées (73,4 M€), une forte croissance des dépenses de fonctionnement (+4,4%), une épargne en baisse continue avec des recettes de fonctionnement à la peine (+1,3%) et un recours à l’emprunt de plus en plus important ». Penchons nous plus précisément sur ces chiffres.
En ce qui concerne les comptes administratifs 2013, la ville finit avec un déficit de 967 237 euros sur l’année 2013. L’excédent en matière de fonctionnement a été assez conséquent (28,2 millions d’euros) et le déficit en matière d’investissement assez faible avec 950 000 euros. Cependant, la ville paie son déficit de clôture de 2012 de 6 millions d’euros et également la part d’investissement 2013 de près de 22 millions pour arriver ainsi à un déficit d’environ un million d’euros en 2013.
La ville a en effet beaucoup investi en 2013 avec 73,4 millions consacrés à l’investissement réel (hors remboursement de la dette, soit une somme supérieure à la moyenne de 71,4 par année entre 2008 et 2013, selon le rapport de Monsieur Capus, nouvel adjoint aux finances). L’année 2013 est considérée comme celle des « grands projets », comme notamment le nouveau centre Aqua Vita qui aura coûté à lui seul 17,22 millions d’euros d’investissement public. Rien d’anormal, les années électorales étant souvent marquées par des dépenses d’investissement plus fortes, notamment pour reconquérir le cœur des électeurs à travers de nouvelles infrastructures en vue d’un nouveau mandat.
En terme de fonctionnement, c’est-à-dire toutes les dépenses et recettes nécessaires au fonctionnement de la ville et des différents services publics, les dépenses augmenteraient de 4,4% (passant ainsi de 185,6 à 193,8 millions d’euros entre 2012 et 2013) et les recettes de 1,28% (passant de 219,3 à 222 millions d’euros). Des dépenses qui augmentent plus vite que les recettes, cela a des effets sur deux indicateurs : l’épargne et la dette. La première diminue de 6,7 millions d’euros, passant de 31,91 millions d’euros en 2012 à 25,2 millions d’euros en 2013. La dette, elle, augmente fortement en 2013, passant de 30,8 millions en 2012 à 52,7 en 2013, soit une hausse de 21,9 millions d’euros ! Cette forte hausse de la dette est en grande partie due au prêt de 25 millions d’euros contracté par la ville l’année dernière au près de la caisse d’Épargne et de la caisse des dépôts pour financer la construction de grandes infrastructures (lire ci-dessus).
En conclusion, l’année 2013 a été marquée par une hausse de l’investissement et des dépenses de fonctionnement, conjuguée à un ralentissement de l’augmentation des recettes de fonctionnement, ce qui a entraîné un impact sur l’épargne de la ville et sur sa dette. L’explosion de la dette est également à mettre au compte d’un emprunt très important de 25 millions d’euros.
Emmanuel Capus dresse une bilan mitigé de cet audit financier, jugeant certains indicateurs « rassurants » et d’autres comme des « signaux d’alerte ». L’adjoint aux finances est notamment particulièrement vigilant vis à vis de la baisse de l’épargne de la ville et de la hausse du déficit. Pour rappel, la dette de la ville était nulle en 2009. Aujourd’hui, ce sont 3 millions d’euros qui sont sortis des caisses de la collectivité en 2013 pour rembourser les intérêts nés de la contraction de crédits.
Au débat ce soir , une modification des orientations budgétaires pour l’année en cours et celle à venir avec notamment une baisse de 10 millions d’euros du budget lié à l’investissement dès cette année. Durant la campagne municipale, Christophe Béchu, mais également l’ancien adjoint aux finances André Despagnet, avaient à plusieurs reprises tiré la sonnette d’alarme et demandé un changement de politique économique. Nous y voilà. Mais une question demeure. Jusqu’ici très coopérante, la nouvelle minorité acceptera-t-elle une coupe de 10 millions d’euros d’investissement ?
Quentin Pasquiou