Agriculture

En Anjou, 12.000 panneaux solaires au-dessus des fraisiers

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Amélie Guiet , productrice de fraises, dans son complexe agrosolaire de l'Ouest de la France, le 19 juin 2012 FRANK PERRY AFP.COM

Des serres recouvertes de panneaux solaires à perte de vue : producteur de fraises et de framboises en Anjou, Régis Guiet exploite depuis quelques mois un complexe agrosolaire unique dans l’Ouest et parmi les plus importants du genre en France.

Installé à Bourgneuf-en-Mauges, au sud-ouest d’Angers, cet ancien arboriculteur de 36 ans dispose de 5,5 hectares de serres, recouvertes de 12.000 panneaux solaires. Il espère parvenir à produire chaque année 200 tonnes de fruits, et entre 3,8 et 3,9 MWh d’électricité, soit l’équivalent de la consommation électrique d’une commune de 2.700 habitants.

Pour ce fils de plombier, titulaire d’un simple brevet professionnel agricole, l’aventure ressemble à une revanche économique. Au début des années 2000, il s’installe sur 17 ha de pommes et de poires mais subit coup sur coup gel et grêle en deux ans, et doit déposer le bilan.

Pour s’en sortir, il arrache la moitié de ses vergers, pique des fraisiers et ouvre la cueillette aux particuliers. « C’est ce qui nous a sauvé. Le public a suivi, à tel point qu’on ne pouvait parfois plus fournir« , raconte Régis.

Requinqué, le producteur voit de nouveau plus grand « pour répondre à la demande » et « mettre ses fraisiers à l’abri des aléas météo ». Il dépose un permis de construire pour 5,5 ha de serres solaires (12.000 panneaux photovoltaïques), gagne le soutien du maire du village et démarche les banques pour tenter de réunir… 20 millions d’euros.

Les portes se ferment. Même la Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire n’y croit pas. « Quand on a connu un dépôt de bilan, c’est dur de gagner la confiance« , explique-t-il.

Mais le président (UMP) du conseil général du Maine-et-Loire, Christophe Béchu, appuie politiquement le projet, et Régis Guiet va trouver son salut auprès de Jean-Marie Santander, Pdg de Global Eco Power, une société émergente sur le marché des énergies renouvelables.

Celle-ci accepte de construire les serres via un partenariat avec un fonds d’investissement allemand, Léonidas Associates. « Nous leur avons livré clef en main la centrale pour 14 millions d’euros, dont 5,4 millions pour les panneaux« , précise Philippe Perret, le directeur général délégué de la société, qui s’est rémunérée sur la plus-value de la vente et en signant un contrat de maintenance pour le site.

Le fond allemand touche, lui, le produit de la revente de l’électricité à EDF, sur la base d’un tarif de 0,42 cts/kW, validé quelques jours seulement avant le fameux décret-moratoire de décembre 2010.

« Jusqu’au bout on a douté que ça se fasse. Je n’en ai pas dormi pendant quelques nuits« , sourit Régis, qui deviendra propriétaire des serres et des panneaux au terme d’un bail de 30 ans.

Le producteur n’a pas dépensé un centime pour ses serres mais a en revanche investi près d’un million d’euros dans son système cultural qui repose sur le principe de jardins suspendus. Fraises et framboises sont produites directement dans des sacs de terreaux, hors contact avec le sol, et bénéficient d’un système d’arrosage automatisé en goutte à goutte.

Sujet d’interrogation technique, l’ombre des panneaux n’a qu’un impact minime sur la production et la qualité des premières récoltes de Gariguette, Charlotte et autres Maras des Bois est au rendez-vous, assure Régis Guiet.

Lors des premières « Portes Ouvertes » du domaine en mai, « 5.000 personnes sont venues cueillir des fraises en quatre jours ». Et chaque jour, entre 300 et 400 kilos sont ramassés dans ses serres.

Depuis le moratoire gouvernemental, Global Eco Power a gelé tous les autres projets agrosolaires mis à l’étude. L’un d’eux portait sur la construction de… 70 hectares de serres solaires dans l’Aude.AFP

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