Sport
Fabrice Amedeo. « La mer a explosé mon bout-dehors »
Mer 1 – Bout-dehors 0. A bord d’un IMOCA pourtant déjà auteur d’un Vendée Globe, le natif du Maine-et-Loire Fabrice Amedeo est contraint de constater que les élancements à l’étrave de Newrest – Art & Fenêtres ont été arrachés : il ne reste que quelques morceaux de carbone que le skipper a dû sécuriser pour qu’ils n’entravent pas le fonctionnement des galettes d’enrouleur des voiles d’avant. Avec cette configuration, seules des « voiles plates » peuvent être envoyées, aucunes des voiles de portant qui seront celles utiles pour traverser l’Atlantique, une fois la furie des dépressions au large du Portugal dépassée. Après avoir renoncé à rentrer en Bretagne et mis le cap sur Lisbonne où il est arrivé en début de journée, ayant essuyé encore deux fronts dans la nuit et croisé nombre de cargos, le skipper veut d’abord vérifier avec son équipe technique si la structure de son bateau n’a pas été endommagée avant d’étudier toutes les options pour essayer de repartir.
Pas un choc, des centaines d’impacts
Les circonstances de la destruction de l’espar ne sont toujours pas claires pour le skipper. Aucune traction ne s’effectuait sur le bout-dehors, puisque cet élément du grément n’est utilisé qu’avec les grandes voiles au portant, autant dire qu’il n’avait vraiment pas été sollicité dans la tempête depuis le départ de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe de Saint-Malo, dimanche 4 novembre à 14h. La rencontre avec un OFNI est également un scénario plutôt écarté : pas de trace de contact sur la coque, et pas non plus « d’arrêt buffet » que le skipper aurait pu identifier. Reste alors à imaginer que c’est la violence de la mer qui ait brisé le carbone comme un fétu de paille. Et c’est ce cas de figure qui fait le plus craindre au solitaire que la structure de son IMOCA n’ait, elle-aussi, subi des dommages lors de ces véritables « explosions » auxquelles sont soumises les coques au près, dans le très mauvais temps, face à une mer démontée.
Inventorier, réparer, repartir
« J’ai d’abord fait demi-tour parce qu’en plus j’avais des petits soucis d’électronique, donc à ce moment-là le moral était assez mauvais et je me disais que l’océan m’envoyait un message fort et que ça ne passait pas cette fois-ci. Et puis je me suis ravisé, je pense que, voilà, il ne faut pas lâcher, et donc ça vaut le coup de se battre pour essayer d’aller jusqu’en Guadeloupe ». Une partie du Team technique Newrest – Art & Fenêtres est à poste dans la marina de Cascais pour apporter toute l’aide nécessaire au skipper en escale. Le but est de mettre tout en œuvre pour pouvoir prendre la bonne décision, dans le bon tempo, compte tenu des différentes interventions à prévoir et des possibilités locales. Le marin, comme l’équipe, savent qu’il n’y a pas une minute à perdre : le chrono du passage au stand a maintenant démarré. La course continue.