Angers
Mariage pour tous : ratage historique des chaines parlementaires
La «Chaine Parlementaire Assemblée Nationale» (LCPAN) est en train de rater une occasion unique de montrer son utilité et de justifier son existence. Le débat qui se déroule actuellement au Palais Bourbon sur le «mariage pour tous» déclenche les passions de part et d’autre de l’hémicycle et de l’opinion. Les députés siègent jour et nuit mais LCPAN n’a rien changé à ses petites habitudes.
Il faut d’abord savoir que cette chaine partage un canal de la TNT avec l’autre chaine parlementaire : «Public Sénat». Deux chaines sur un seul canal, c’est déjà idiot comme principe. Ces deux chaines sont publiques mais ne sont pas financées par la redevance. C’est directement le contribuable qui raque : 16 millions d’euros pour chacune, 32 millions au total. Ces deux chaines échappent en outre au contrôle du CSA. Ce qui leur permet de faire n’importe quoi.
Le modèle vient des chaines parlementaires américaines : CSPAN et CSPAN2 qui retransmettent les débats respectivement de la Chambre des Représentants (notre Assemblée Nationale) et du Sénat à Washington. Il y a aussi une CSPAN3 qui diffuse des documentaires et des archives.
Les réseaux CSPAN ne sont pas financés par une redevance (il n’y en a pas aux Etats-Unis) ni par l’impôt mais par une taxe versée par les cablo-opérateurs, au titre du service civique. Les trois chaines de CSPAN (plus un réseau de radio) ont un budget annuel de 55 millions de dollars (40 millions d’euros), comparable aux deux seules chaines parlementaires françaises (32 millions d’euros).
Quand le Congrès américain est en session, les chaines CSPAN diffusent en direct et en intégralité les débats de chacune des deux chambres sur leur canal respectif, quelle que soit la nature de la discussion parlemenaire. C’est leur mission, leur raison d’être. Elle sont le relais de la démocratie en action. Leur audience n’est pas mesurée. Ce n’est pas ça qui compte.
En France, que se passe-t-il ? Les débats à l’Assemblée Nationale et au Sénat sont diffusés au petit bonheur la chance, dans une confusion totale. Ils sont coupés sans explication pour faire place à des émissions souvent inutiles, des débats vaseux en studio, des magazines et des interviews complaisants. Ces programmes souvent bidons permettent à quelques vedettes du journalisme plus ou moins sur le déclin de se faire un peu d’argent de poche.
Actuellement, il est impossible de suivre en continu le débat sur le «mariage pour tous» à l’Assemblée Nationale sur la TNT. «Public Sénat» qui partage le canal ne lâche rien sur les heures d’antenne auxquelles elle a «droit» et continue son petit train-train. On se farcit donc des émissions pâlichonnes alors qu’un débat parlementaire vibrant se déroule au même moment.
Il y a bien sur les boitiers ADSL deux canaux 24 h sur 24h qui promettent de diffuser les débats des deux chambres dans leur intégralité. Ils sont accessibles à une minorité de téléspectateurs et la promesse est fausse : les débats de nuit ne sont pas retransmis. On nous renvoie alors sur un site internet qui se révèle archaïque et presque toujours saturé.
Voilà donc à quoi servent ces 32 millions d’euros venant de vos impôts. Voilà donc aussi comment ces chaines s’obstinent à ne pas remplir la mission de service public et civique pour laquelle elles ont été créées.
Par Anyhow