Angers
Les championnats de France d’athlétisme sont terminés : les réactions
Les championnats de France d’athlétisme à Angers se sont terminés hier. Tout au long du week-end nous sommes allés à la rencontre des champions nationaux et locaux. Voilà les réactions de cette dernière journée à Angers.
Phara Anacharsis (championne de France de 400m haies) : « J’attendais ce titre. A l’entraînement, ça donnait des bons temps, et en compétition je n’y arrivais pas. Aujourd’hui je ne me suis pas posé de questions, je ne me suis pas fixé un temps. J’ai fait comme à ma première compet’. Je me suis dit, il faut y aller et on verra bien. En plus, il fallait que je garde mon titre donc j’ai foncé (rires). La forme est là. Je pense que le mental, ça va aller crescendo. Ca fait du bien de passer sous les 56 secondes et ça va descendre encore. Helsinki, ça sera un tremplin pour Londres. C’est une compétition internationale, et ce sera une avant-première par rapport aux Jeux. »
Mamadou Kasse Hann (Sénégalais, meilleur temps de la finale du 400m haies) : « C’est mon meilleur chrono de la saison. A chaque fois, mon problème c’était les deux dernières haies. Aujourd’hui, j’ai essayé de tout faire pour ne pas piétiner. Pour l’instant, je prépare les championnats d’Afrique (du 29 juin au 1er juillet, à Porto-Novo au Bénin) et les Jeux Olympiques. Je m’entraîne à Montpellier avec Jean-Yves (Cochand), Bertrand (Valcin) mon coach et Tidiane Correa. Au Bénin, mon objectif sera de gagner les championnats d’Afrique et de me concentrer sur les Jeux Olympiques. A Londres, je ferais tout pour être en finale. »
Heni Kechi (champion de France de 400m haies) : « Je ne m’attendais pas à gagner de cette manière. C’est vrai que sur la dernière haie, je sais que je vais passer tout le monde. Mais du coup c’est dommage parce que c’est ma plus mauvaise réception de la course. C’est sûrement là que je perds un demi-centième qui me manquait pour faire 49’’87 (les minimas pour Helsinki, il finit en 49’’91). C’est vrai qu’à l’arrivée, je suis un petit peu frustré parce que je m’attendais à faire 49’’80. C’est à la fois un petit peu dommage, mais on verra, il y aura peut-être une petite chance que ça passe (Adrien Clemenceau, vice-champion de France, sera finalement le seul qualifié). »
Naman Keita (septième du 400m haies) : « J’ai essayé de courir différemment. Bon, ça n’a pas été. Aussi bien hier qu’aujourd’hui, je n’ai pas couru naturellement comme je sais le faire. Avec le nombre de fautes que je fais, je ne peux pas faire mieux. C’est la forme du jour. Je ne suis pas prêt pour ces championnats, et je fais trop de fautes. Aujourd’hui, je ne méritais pas de gagner. Je suis un peu borné sur un schéma de course que je veux absolument mettre en place et pour l’instant, ça ne veut pas passer. »
Pascal Martinot-Lagarde (abandon en série du 110m haies) : « C’est l’année à ne pas rater, et c’est l’année que j’ai raté… Je me suis blessé il y a un mois (décollement de l’aponévrose), et j’ai essayé de reprendre l’entraînement par des choses que je savais faire, qui me faisaient moins mal. Donc du sprint, de la muscu. Je n’ai pas vraiment fait de haies, et c’est ce qui m’a manqué là. Je me sens mal partir. Je reviens dès la deuxième, je prends mon rythme. Sauf que ce rythme-là, je l’avais perdu depuis ma blessure. C’est pour ça que j’ai tapé. Et j’ai tapé tellement violemment que je n’ai pas pu me retenir. Quand je me suis retrouvé par terre, j’ai pensé aux J.O. forcément. Ca ne sera peut-être pas pour moi cette année, sauf si la semaine prochaine je trouve un meating où je peux faire un bon 13’’10. Sinon cette année, ça va être très compliqué pour avoir quelque chose. Je peux déjà dire au revoir aux Europe. »
Patricia Girard (entraîneur de Pascal Martinot-Lagarde) : « C’est l’envie de bien faire. Il n’a pas l’expérience d’un Ladji Doucouré ou d’un Garfield Darien donc je dirais qu’il faut apprenne, il faut qu’il chute dans un grand championnat pour se relever derrière. C’est le métier qui rentre. S’il n’y a pas de Jeux Olympiques, il a juste 20 ans. Il y a Rio 2016 derrière. Je vais essayer de bien m’occuper de lui, qu’il termine bien la saison. C’est un diamant brut. Il a un talent fou, peut-être même un peu plus élevé que Ladji quand il était jeune donc il ne faut pas que je rate le coche moi-aussi en tant que coach. Je me concentre pour lui donner toutes les cartes. Je sais qu’il est promis à un bel avenir, et à monter sur la première marche des Jeux Olympiques. Outre le fait d’être entraîneur, j’ai quand même des liens qui sont très forts avec mes athlètes. C’est vrai qu’au moment où il est à terre, j’ai plus le rôle d’une mère d’un enfant qui est dans la peine. J’ai juste pensé à le prendre dans mes bras et à lui dire « c’est pas grave, tu as 20 ans, t’en auras d’autres ». J’ai moi aussi connu des déceptions similaires, notamment mon faux départ en finale des championnats du Monde à Athènes, j’avais la meilleure performance et j’étais destiné à gagner. Toute une année de travail peut s’envoler en douze ou treize secondes. Il a juste 20 ans et tout l’avenir devant lui. »
Nicolas Figère (champion de France de lancer de marteau) : « Je pense qu’aujourd’hui on se valait tous les trois avec les trois avec Quentin (Bigot) et Jérôme (Bortoluzzi). Le plus important pour moi, c’était vraiment de gagner. La perf’, j’aurais gagné avec 70m, c’était pareil. Ca fait trois semaines où il y a beaucoup de tension, parce que le championnat de France est obligatoire et celui qui gagne est qualifié pour les Jeux. Donc mon but, c’était de gagner. Gagner avec 70m ou 75m, pour moi c’est pareil. L’objectif c’était le titre. J’étais passé à 26cm des Jeux il y a douze ans. Ca fait douze ans d’attente et douze ans, c’est long. C’est un grand soulagement. J’aurais fait tous les championnats. Le but c’est d’être performant, ça me laisse sept semaines pour m’entraîner comme il faut, avec moins de pression. »
Hind Dehiba (championne de France sur 1 500m) : « C’est toujours une fierté un titre de championne de France. Concernant ma course, je voulais marquer ma présence. Il fallait être là, et voilà. Je fais la différence dans le dernier 100m, même pas le dernier 40m. Je me sens bientôt prête. Avec mon problème de tendinite, je n’ai pas pu faire les séances que je voulais et j’ai pris un peu de retard. On va essayer de le rattraper avec des soins tous les jours, matin et soir. Il restera les championnats d’Europe et le meating de Paris pour réaliser les minimas pour Londres. »
Pierre-Ambroise Bosse (champion de France de 800m) : « J’étais enfermé de bout en bout. Dans ces moments-là, on essaye de dépasser en ligne droite. Je n’ai même pas pu parce que je n’avais pas envie de me faire disqualifier. Impossible de doubler jusqu’aux 600m. J’ai fait un énorme effort. Je n’étais pas du tout persuadé que j’allais gagner, même dans les derniers 100 mètres. Je pensais que j’allais me faire rattraper. Voilà c’est génial au final. C’est une course comme j’en ai rarement fait, je vais me faire taper dessus par le coach. C’est impressionnant ce qui va se passer. J’appréhende d’ailleurs ce moment. Heureusement que j’ai gagné parce que si j’avais fait ça et que j’avais perdu, oulala. Quelque part, la sanction va être un peu moins rude. Je n’aime pas trop ce genre de jeu, mais je vais en rigoler quand je vais la revoir sur Internet. Maintenant, je sais que je suis capable d’engranger même les courses tactiques, alors que je n’ai pas encore fait trop de séances spécifiques tactiques. Le capital confiance augmente énormément. Si je n’avais pas eu ce titre, j’aurais abordé les championnats d’Europe d’une autre manière. Si je ne suis pas capable de gagner les championnats de France, comment je peux espérer ne serait-ce que me qualifier en finale des Europe. C’est des courses comme ça que je vais retrouver notamment en série et en demi des Europe si j’arrive à me qualifier. Je sais que je suis capable de les faire. Maintenant, il va falloir continuer à prouver des choses. »
Mickael Hanany (champion de France de saut en hauteur) : « Il n’y a pas une course d’élan où je suis réglé. Peut-être celle de 2m25. Tout le concours, je cherche mes courses d’élans. C’est pour ça que je fais un petit peu la moue. Mais faire 2m25 comme ça, ça me dit que 2m31 et plus, c’est dans les jambes. Donc il faut que je rebosse techniquement. Je pense que c’est dût au fait que physiquement je suis mieux, et que ça fait trois semaines qu’on n’a pas vraiment de beau temps. Donc c’est difficile de faire des séances techniques à fond. Du coup, je suis perdu. Physiquement je suis bien, et techniquement je n’ai pas pu faire le travail qu’il faut. »
Ladji Doucouré (3e du 110m haies) : « On est jamais content de se faire battre. Après Garfield (Darien), j’ai de très bonnes affinités avec lui donc ça me dérange beaucoup moins. J’ai rempli mon contrat, c’était d’être sur le podium aux France et de garder la santé. La saison continue, je pense que je vais être sélectionné pour les Europe (il fait parti de la liste des 68 sélectionnés). Et puis on va remettre en place les choses qui vont faire que je vais aller beaucoup plus vite. Je suis content. Je sais d’où je viens. Je sais où je vais. Ces dernières années, c’est moi qui casse, et là j’ai voulu rester concentré et courir pour moi tout simplement. Pour les Jeux rien n’est fait. Il suffit qu’il y en ait un qui en meating face 13’’10, on va lui dire quoi ? Il est devant donc c’est à moi de continuer. »
Garfield Darien (champion de France de 110m haies) : « C’est mon premier titre de champion de France, donc ça le fait ! Je courrais depuis un petit moment. Pour vous expliquer, ça faisait 3 ans que j’avais le meilleur temps français, sans être champion de France. Mais pourtant avec des résultats aux championnats d’Europe et aux différents championnats. Mais c’est vrai que malgré tout, j’avais dans un petit côté de la tête ce premier titre de champion de France. En plus, contrairement aux autres années tout le monde était présent, les quatre premiers du bilan. Donc c’est une très belle victoire. Avant de venir ici, j’entendais que c’était la course la plus attendue des championnats. C’est vrai que j’avais à cœur de gagner aujourd’hui avec un super niveau. Ca fait une bonne répétition pour les championnats d’Europe, pour les Jeux Olympique. Parce que c’est vrai que pour passer les tours, ce sera dans ce genre de chrono. C’est un petit dommage qu’en final il y avait un vent défavorable. Je suis très content de faire 13’’28 avec une angine mercredi. J’avais 40° de fièvre. C’est vraiment bien. Aux Europe, j’ai fini deuxième il y a deux ans. J’ai donc une petite revanche à prendre. Je vais y aller pour chercher l’or.»
Teddy Tamgho (blessé, recordman du monde en salle en triple saut et préparateur physique de Garfield Darien) : « J’ai 23 ans depuis avant-hier, donc pourquoi lâcher l’athlétisme dès maintenant ? Si j’avais 35 ans, je me serais peut-être dit « oui, il faut arrêter ». Mais à 23 ans, j’ai commencé à faire des choses, car pour moi ce n’est pas fini. Donc il faut rester, garder le moral et repartir au boulot parce que je n’ai jamais vu un sportif de haut-niveau qui ait été bon durant toutes les saisons. Je n’ai pas fait exception. Il faut l’accepter. J’ai deux objectifs principaux : aider Garfield (Darien) à arriver en forme aux Jeux Olympiques pour qu’il puisse faire ce qu’il a à faire et moi, revenir au maximum de mes capacités. Je vais essayer de me guérir au mieux pour revenir au maximum de mes capacités. Pour l’instant ce qui est prévu c’est d’être à la maison pour regarder les JO. Après, on verra s’il y a une proposition par-ci, par-là pour aller là-bas. Ce n’est pas encore décidé. »
Mahiedine Mekhissi Benabbad (champion de France du 3 000m steeple) : « J’ai travaillé une nouvelle fois sur mon finish. Le but aujourd’hui, c’était de faire une course de championnat. C’est pour me préparer pour les JO. Ce n’est pas en meating que l’on trouve des courses comme ça. C’est pour ça que les championnats de France me tenaient à cœur pour déjà être champion de France et pour faire une course sans lièvre, une course d’homme à homme. Ca c’est passé comme on a voulu. J’ai encore un mois et demi de préparation pour les Jeux Olympiques. Je monte petit à petit en puissance. Dans un mois et demi, je serais quelqu’un d’autre, encore plus costaud, encore plus fort. Après j’aurais les championnats d’Europe, ce sera une course de championnat. Je tiens aussi à défendre mon titre de champion d’Europe parce que c’est quelque chose qui me tient à cœur. Etre champion d’Europe, ce n’est pas rien. Je fais course après course. J’attends aussi la sélection kenyane avec impatience, c’est le 23 juin, pour savoir qui j’aurais en face de moi à Londres. Quoi qu’il arrive ce sera de gros adversaires et on se prépare pour. »
Manuela Montebrun (6e des championnats de France du lancer de marteau) : « L’objectif ça va être de finir la saison. Les minimas, ça fait un moment que je n’y pense plus. Si le dos va mieux, peut-être que cela peut se libérer. 65 mètres aujourd’hui, je ne pensais pas forcément les faire. C’est bien, par contre je me détruits le dos. On va voir comment ça repart à l’entraînement. »
Jimmy Vicaut (3e du 200m) : « Je suis bien parti pendant 180 mètres et après les 20 derniers mètres ont été très durs. Mais ça va, je suis quand même content. C’est mon troisième 200m de l’année, mon chrono descend. Pourquoi pas faire une sélection pour les JO, mais on y est pas encore. On en est encore loin. C’est une distance que je ne travaille que depuis cette année. Donc je suis content, je suis bien. »
Myriam Soumaré (championne de France du 200m) : « Je suis contente de mon doublé de ce week-end. La semaine a été très intense au niveau entraînement donc il fallait la finir en beauté. C’est fait. Le chrono est plutôt sympa. J’étais à la bagarre pendant toute la course, donc je suis contente. C’est de bon augure avant Helsinki. Je suis plus que rassuré. Maintenant reste à faire du jus et à travailler quelques petits détails techniques pour les championnats d’Europe. Je vais essayer de faire ce que j’ai fait il y a deux ans, voir mieux. On verra bien ce que ça va donner. Au niveau du relais aussi, on est super motivées. On a envie de chercher une belle place aussi donc tout va bien pour le moment. »
Christophe Lemaitre (champion de France du 200m) : « Je suis satisfait au 2/3. J’espérais faire aux alentours des 20’’10. Mais bon j’étais un peu mort à la fin. C’était un peu difficile surtout dans le virage où j’avais aussi du mal à vraiment bien virer comme l’été dernier. A la fin j’ai encore du mal à tenir, et techniquement le virage, ce n’est pas encore ça. C’est bien mi-juin de faire 20’’31. Ce week-end m’a plus avancé sur le choix du 100m ou du 200m, mais ça je le garde pour moi. Je tire un bon bilan de ces championnats. J’ai fait ce que j’avais à faire au niveau des titres. Au niveau des chronos, je monte en puissance. Ce qui fait mon succès auprès du public ? C’est déjà de faire des exploits quand même. Parce que sinon les gens ne vous connaissent pas. Ils vous connaissent parce que vous faites des choses biens, des choses extraordinaires. Après il y a le côté personnalité. Si ma personnalité plait aux gens, tant mieux. »
Romain Mesnil (vice-champion de France de saut à la perche) : « Je ne suis pas satisfait de mon concours. J’ai eu du mal à me lâcher au début du concours. A la fin, je commence à fatiguer. C’est des sauts qui ne partent pas vraiment. Je rate 5m62 donc le niveau auquel je devrais être, là je n’y suis pas actuellement. Je ne sais pas trop pourquoi. J’ai réussi à être bien à la fin, mais pas de jambes suffisantes. Est-ce que j’ai suffisamment de puissance pour être au niveau auquel je veux être ? Malheureusement, je me pose ce genre de question. Concernant Renaud, son grand talent c’est la vitesse évidemment et le fait de ne pas se poser de question. Pour l’instant lui, il est bon avec une grosse régularité. Et puis derrière, on est tous mauvais pour l’instant. Je ne sais pas ce qu’on fait les allemands dernièrement. Mais jusqu’à présent ce n’est quand même pas terrible. Le niveau international n’est quand même pas bon. L’objectif que je me suis fixé depuis le début c’est une médaille aux Europe et aux Jeux. Là c’est un concours qui me plombe un peu. Après si je retrouve mon niveau, aux Europe c’est forcément plus facile qu’aux Jeux d’avoir une médaille. Et puis se bagarrer pour une médaille aux JO, mais il y a des paliers à franchir avant. »
Renaud Lavillenie (champion de France de saut à la perche) : « Je suis moi-même surpris par ma régularité. Je savais que j’étais capable de sauter 5m80, 5m90 en début de saison. Mais loin de là d’être capable de le sauter de suite à chaque fois. Il y a un moment donné où le travail paye. Là en cinq compétitions, j’ai déjà sauté autant de fois 5m80 que l’an dernier en 15 compétitions. J’y suis pour rien si mes adversaires ne sont pas au niveau actuellement. Après j’ai dit il n’y a pas si longtemps que ça que ça me fout les nerfs d’attendre cette concurrence que je n’ai toujours pas. Certes j’ai une très bonne régularité en ce moment, mais quand tu vois la saison dernière où il y en a qui sont capables de faire 5m90 le jour de la compétition et qui ne peuvent rien faire derrière. Ca me mets en porte-à-faux parce que mettons qu’au moment des Jeux, au moment des Europe, il y en a qui vont sortir la compétition comme ça. Et puis moi je vais me retrouver comme un con avec des performances qui vont me sortir sous le nez. Donc je ne suis pas à l’abri et rien n’est joué d’avance. Il n’y aura pas d’objectif en terme de barre. L’objectif ce sera de se placer le plus haut possible au classement et de continuer à concrétiser le travail qui se fait à l’entraînement et sur les compétitions. »
Ludovic Aurégan