Angers
Les jeunes angevins s’engagent (aussi) dans la campagne présidentielle.
Le monde politique est reconnu pour être un monde sans pitié, sans partage. Les loups rôdent avec les loups, et seuls les plus forts s’en sortent pour acquérir le pouvoir. Loin de ces considérations de domination et de supériorité que les politiciens peuvent parfois transmettre au public, sciemment ou non, les personnes qui les soutiennent se posent la. En pleine campagne présidentielle, chacun se forge son opinion et la met au service de celui qu’il estime le plus légitime à diriger notre pays. Cela peut se traduire uniquement par un vote à l’intention du candidat concerné, le jour-j, après avoir pesé le pour et le contre des programmes présentés. Mais d’autres vont plus loin encore et aide à la « publicité » de leur leader. Ces « autres », distributeurs de tracts, collage d’affiches, présence aux meetings au-delà des frontières de notre département… Ils dépensent ainsi beaucoup d’énergie et de temps pour fonder une base de votants solide à leur candidat le jour de l’élection. Et parmi ces engagés, membres d’un parti de n’importe quel bord politique, les jeunes gens de notre ville ont su trouver leur place. C’est à la rencontre de certains de ces jeunes qui ont fait du débat politisé bien plus qu’un simple sujet de 20 h à la télévision, que nous sommes allés. Et bien plus qu’une simple activité, l’engagement politique représente pour eux la marque d’un engagement citoyen qu’ils veulent transmettre à ceux qui iront dans l’isoloir ce weekend.
C’est le cas de Agathe, 21 ans, étudiante de droit à la faculté d’Angers, et membre du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS). A la fin du lycée, Agathe s’intéresse au parti socialiste, après avoir suivi de près les élections régionales de 2010. Mais c’est la présidence de Nicolas Sarkozy qui l’a finalement décidé à s’y engager. « J’avais des valeurs de gauche avant d’intégrer le MJS, explique-t-elle, et sur bien des domaines je n’étais pas d’accord avec la politique de notre président. J’ai choisi seule de me tourner vers le Parti Socialiste, avec l’envie d’avoir un espace de participation, de débats, où je pouvais échanger avec des gens qui partageaient des idées semblables aux miennes sur notre pays et notre environnement en général« . Pour la jeune étudiante « les débats ne sont pas les mêmes à l’intérieur et à l’extérieur du MJS, c’est évident. Mais je voulais découvrir un autre espace de discutions, l’ouverture est toujours instructive!« . Cette ouverture, Agathe la recherche toujours, et c’est pour cela qu’elle est présente sur le terrain. « Il y a toujours des personnes intéressées, en quête d’informations, jeunes ou moins jeunes. Et même si le MJS est présent principalement sur les facs et autres pôles technologiques, les jeunes ne sont pas nos seuls cibles« . Agathe s’emploie donc tous les jours à répandre les points de vu qu’elle défend. « Les réseaux sociaux sont très importants, j’utilise par exemple facebook pour tenir informé mes amis et plus ou moins les influencer, ajoute Agathe en souriant. J’arrive de temps en temps à en faire venir aux réunions du MJS car ils sont très curieux, et même s’ils ne voteront pas François Hollande aux présidentielles! J’ai aussi des connaissances au Front de Gauche« . La plupart étudiants, Agathe et ses amis, engagés ou non dans un parti, s’intéressent donc de prêt à ce qui va décider de l’avenir de la France pour les cinq prochaines années. En attendant ce moment, Agathe se déplace dans le département et plus loin encore, avec des concessions évidentes sur le reste de sa vie. Mais « juste le fait donner le programme ou de pousser à assister à une réunion est une satisfaction personnelle, nous dit-elle. On pousse les gens à aller voter, puis à voter François Hollande. Et parmi ces personnes, les jeunes nous donnent de très bons retours. Des lycéens viennent déjà aux réunions, avec la seule conscience des enjeux, alors même qu’ils n’ont pas encore le droit de vote!« . Elle espère donc sensibiliser certains jeunes aux valeurs du parti socialiste, que ça soit juste durant les présidentielles ou même ensuite s’ils veulent rester au parti.
Cette conscience citoyenne, Agathe ne la partage pas qu’avec des membres de son parti. Thomas étudiant en histoire, Clément étudiant à l’ESSCA, Ambroise et Tristan étudiants en droit sont tous membres des jeunes populaires, rattachés au parti UMP, qui soutient le président sortant. Agés entre 18 et 21 ans, ces quatre jeunes gens partage avec Agathe un engagement dans une structure qui défend des valeurs qu’ils respectent et partagent entre eux. Collage d’affiches, meetings, tractages, développement des idées du parti sur facebook ou twitter,et réunion après les cours, leur quotidien ressemble à celui de la jeune femme. Mais leur développement personnel avant d’en arriver à intégrer les « jeunes pop » divergent. Tristan a par exemple baigné tôt dans la politique. « J’ai des élus dans ma famille, et j’ai donc décidé de m’encarter il y a deux ans« . Pour Ambroise, « c’est un oncle qui m’a influencé, avec des idées et des valeurs que je partageais. Et lorsque Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, j’ai décidé d’être membre de l’UMP« . Sa vision de notre société et de ce à quoi elle doit ressembler, Clément les partages aussi aux jeunes populaires, après s’être intéressé de lui-même à la politique. Enfin Thomas, est arrivé à la politique un peu par hasard. Issu d’une famille de musiciens, il « ne supportait plus de voir la gauche s’approprier la culture, alors que leurs décisions prises dans ce domaine n’ont été que des aberrations!« . Si leurs parcours diffèrent, il n’en reste pas moins que tous sont dans une démarche d’écoute de l’opinion d’autrui, sans aucun sectarisme. Et à l’inverse d’Agathe, lorsqu’un débat se forme ou une discussion débute lors d’une distribution de tracts, les meilleurs retours se font auprès des personnes âgées de 50 ans. Thomas nous explique « que les jeunes d’une vingtaine d’années qu’ils ont croisé ne s’occupent pas tant que ça de politique, mais ils iront quand même voter« . Tristan va plus loin en disant que « ces jeunes gens se fichent de la politique! Mais j’incite tout de même ceux que je rencontre à s’engager, ou au moins aller voter ». « Etre acteur plutôt que spectateur, c’est ce à quoi on pousse les plus jeunes des votants« , nous dit Ambroise. Thomas préfère rappeler aux gens de son âge avec qui il échange que « le droit de vote est avant tout un devoir. C’est ce que je veux présenter à mes concitoyens, en même temps que le programme de mon parti« . Et s’il les sent vraiment concerné, Clément leur explique que « les jeunes populaires sont véritablement dans la campagne, les jeunes y sont écoutés et peuvent faire remonter leurs idées« . Mai ces jeunes hommes reconnaissent que leur engagement politique comprend certaines difficultés. « Ma famille est de gauche, mais je n’ai jamais eu aucun problème à ce niveau, développe Tristan. C’est surtout compliqué de convaincre les jeunes de s’investir et encore plus à de s’investir à droite. Les préjugés que les gens peuvent avoir et que les médias transportent sont tenaces. Alors que dans nos réunions se présente une assistance venue de tous les horizons« . « Ce sont des clichés que nous voulons combattre, ajoute Thomas. Nous quatre par exemple, on reste de simples étudiants, avec les galères du commun des étudiants« . Et quand on esquisse l’avenir d’une possible défaite de leur candidat, Ambroise coupe: « une défaite on n’y pense pas, on s’occupe du 1er tour et on ne se projette pas ensuite. Je serais présent jusqu’aux législatives du 18 juin, dans un parti où je me sens très à l’aise« . Tristan clôt la discussion en évoquant « la majorité silencieuse qui soutiendra le président-candidat aux élections. On la sait présente car beaucoup vont soutenir Nicolas Sarkozy sans pour autant s’engager et s’intéresser profondément à la politique. On a des sympathisants de temps en temps aux réunions et y voit pas mal de jeunes de notre âge« . Effectivement les jeunes sont une catégorie de la population où l’abstention est importante. Mais la jeunesse angevine prouve que certains possèdent une conscience citoyenne expressive et qui souhaite s’intégrer aux enjeux importants à venir pour le pays.
Nabil Arhmech