Angers
Le projet du centre de congrès d’Angers est il vraiment raisonnable ?
La réflexion portant sur le centre des congrès d’Angers est aujourd’hui engagée. Pourtant l’évolution du coût de réalisation de cet équipement nécessite d’en revoir autant l’opportunité que la faisabilité. Quel sera son impact réel sur l’économie angevine ?
Un nouveau centre des congrès pour Angers, au-delà des atouts mis en avant, présente un risque financier réel pour la ville d’Angers. Il s’agit d’un choix budgétaire obérant à moyen terme nos marges de manoeuvre financières.
Le dossier du centre des congrès est symptomatique d’une gouvernance en marche forcée. Il est certes plus facile de lancer les investissements valorisants que de décider une pause budgétaire pour mieux asseoir le projet dans le contexte économique et financier actuel, et des capacités financières de la ville.
Ce projet est certes structurant du point de vue de l’urbanisme et fédérateur pour les acteurs locaux. Mais ne risque-t-il pas de devenir, une fois de plus, un équipement ambitieux que l’on peine, une fois réalisé, à faire vivre et dont les charges de fonctionnement pèsent trop lourds. Il importe donc, dès à présent d’envisager son fonctionnement et de ne pas réduire la réflexion en terme d’investissement uniquement.
Aujourd’hui, le constat : une très faible attractivité pour des congrès de plus de 500 personnes.
En 2009, on dénombre trois congrès de plus de 500 personnes (3000 participants). Et en 2010, quatre congrès de plus de 500 p. pour un total de 1850 congressistes.
Ce secteur, très concurrentiel, doit déterminer un positionnement très original, une identité ciblée et une jauge inférieure, ou être abandonné au profit de la rénovation de l’actuel centre des congrès que les Angevins apprécient (27 ME).
Parmi les clients d’un centre des congrès, il s’agit, pour la plupart, d’acteurs à l’activité lucrative à la différence d’un centre culturel ou associatif. Dans ce cas, l’investissement de la collectivité tant dans l’investisseement que dans le focntionnement ne doit pas être envisagée de la même manière que pour un équipement à vocation publique. Il ne s’agit pas là d’un service public. Le recours au mécénat et plus que cela à la participation financière des acteurs économiques est plus qu’important et doit s’équilibrer : les formules de PPP (partenariat public privé) peuvent mieux permettre d’atteindre mieux ces objectifs de portage partagés.
Coût
Le montant de l’investissement a évolué au cours des mois d’études pour se situer à 138 M E TTC, dont 65 M HT a minima pour la ville, alors qu’en janvier l’estimation portait sur 45 ME sans parking, 54 ME avec le parking.
L’investissement, porté initialement par la Sara-SPL2A, reporte la charge sur la ville plusieurs années plus tard mais il s’agira toujours d’une charge financière pleine et entière que devront régler les Angevins.
D’autres choix budgétaires à prioriser, tel la construction de la deuxième ligne de tramway.
Même si l’investissement majeur et le fonctionnement d’une deuxième ligne de tramway se porte sur Angers Loire Métropole, la communauté d’agglomération, cela a un impact financier sur la ville d’Angers. Ainsi, la première ligne de tramway a t elle nécessité un investissement important de la part de la ville (réseaux, voirie, parking…), le total des investissements fléchés sur la ville d’Angers interdisent le démarrage de ce chantier, sauf symbolique, sur ce mandat. Or la question que l’on doit se poser c’est : en période de crise, les choix budgétaires ne doivent-ils pas être revus ?
Les critères d’utilité, de service aux Angevins, de limitation de la charge des impôts pour les habitants sont les premiers critères à faire valoir, ce qui n’empêche pas l’ambition pour la ville, la recherche des meilleurs conditions d’accueil des entreprises pour développer l’emploi.
Partager ce projet avec des investisseurs nous (avec notamment Cap 21) semble la meilleure manière d’optimiser la valeur de rentabilité du centre des congrès.
Bernadette Caillard-Humeau
Cet article est une tribune ouverte et n’engage en rien la rédaction.