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Faillite de la France : Les 3 vérités que le gouvernement continue de cacher

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C’est invraisemblable et pour les observateurs étrangers et du monde des affaires, c’est insupportable. Contre toute évidence, contre les conseils des experts et des analystes, le gouvernement français et le président de la République continuent de refuser de voir la réalité de la situation économique et sociale de la France. Les ministres ne répondent pas aux questions, ils nient, ils dissimulent, ils tergiversent, ils occupent les 20H de la télévision avec des débats de société qui n’intéressent que les Bobos et qui ne sont pas urgents. Le président de la République lui, passe son temps à essayer de gagner du temps et balaie la poussière sous le tapis.

En fait, et pour faire simple, le gouvernement cache délibérément trois grandes vérités à l’opinion.

La première, c’est l’état de faillite potentielle du pays. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’on en parle au plus haut niveau, mais c’est un tabou pour le pouvoir en place. Qu’il soit de droite ou de gauche. Quand François Fillon en 2007 en avait parlé, il avait failli se faire virer par Nicolas Sarkozy. A chaque fois que Christine Lagarde a voulu aborder la question elle s’est fait remettre en place violemment par le Président.

Cette semaine, quand Michel Sapin l’a dit avec beaucoup de courage, il s’est retrouvé immédiatement démenti par Pierre Moscovici. Quant à François Hollande, il botte en touche en parlant de plaisanterie de la part de son « ami »Michel Sapin. Comme si l’heure était encore aux plaisanteries.

En fait, cette question est devenue le sujet de débat numéro 1 à Bercy, à Matignon et à l’Élysée.

Mais interdiction formelle d’en parler devant un micro. Pourquoi ? Tout simplement parce que la reconnaissance d’un état de faillite aurait l’effet d’une bombe atomique. Dans la minute, les agents économiques essaieraient de vendre leurs actifs, les épargnants videraient leurs comptes, les étrangers s’enfuiraient, les banques seraient obligées de fermer leurs guichets. On a du mal à imaginer dans quel état de guerre civile serait la société française et européenne.

Un état de faillite aurait immédiatement des effets systémiques plus graves que la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008. Mais c’est tabou aussi pour une autre raison, l’état de faillite obligerait le gouvernement à mettre en place des mesures de redressement insupportables par l’opinion : baisse des retraites, diminutions de salaires des fonctionnaires, blocage des comptes d’épargne et des prix, pénuries d’approvisionnement, coupure d’électricité et de gaz, marché noir… Ce qui entrainerait des mouvements difficiles à contrôler de sauve qui peut et de chacun pour soi.

On touche là les raisons profondes pour lesquelles les États européens n’ont jamais voulu déclarer la Grèce en état de banqueroute alors qu’elle y était.

La France n’est pas dans cette situation de défaut de paiement. La France trouve de l’argent sur les marchés pour financer ses échéances et ses fins de mois. Mais qu’on ne vienne pas nous raconter que si la France réussit à emprunter de l’argent pas cher c’est parce qu’elle est en bonne santé. Ce n’est pas cela du tout ! La France emprunte grâce à la solidarité européenne et la l’obligeance de l’Allemagne. L’Allemagne et son triple A nous apportent une garantie qui nous permet des financements.

Un peu comme l’entreprise surendettée est maintenue en vie par le banquier qui a demandé à la famille des hypothèques sur les biens personnels et sait qu’en la lâchant elle prendrait le risque de tout perdre. Le banquier préfère attendre le miracle (provisions à la clef) plutôt que de constater le défaut de paiement. Plutôt la perfusion que la mort subite.

Donc soyons clair la France n’est pas en faillite, mais elle devrait l’être. Elle n’a aujourd’hui aucun des ressorts qui lui permettent de retrouver son équilibre. L’activité est décroissante, l’industrie perd ses emplois et ses positions et marchés, les emplois, se perdent par milliers. Les déficits continuent de se creuser : le budget, la Sécurité sociale et l’import-export : Les trois sources d’endettement ont perdu leurs mécanismes stabilisateurs. Donc l’endettement s’accroît.

La France n’est pas en faillite mais tous les hauts fonctionnaires et les chefs d’entreprises savent bien que les taux actuels peuvent faire des sauts périlleux au printemps. Si les pays du sud allaient mieux par exemple. Mais aussi si l’Allemagne d’Angela Merkel en avait assez de se faire moquer par la France. Et ce jour de printemps où les taux feront des sauts périlleux, les français risquent d’avoir de sacrés maux de cœur et de tête.

La France n’est pas en faillite mais elle est dans l’antichambre et la classe politique est partagée entre le dire ou pas.

Dans la majorité, Michel Rocard essaie depuis plusieurs semaines de tirer la sonnette d’alarme. Beaucoup de parlementaires aussi. Au seuil du pouvoir, Michel Sapin qui est écouté de François Hollande a eu le courage d’en parler. Mais beaucoup se précipite pour mettre une couverture sur des propos aussi conservateurs. C’est très simple, à gauche si vous dites que la situation est dangereuse, c’est que vous êtes un conservateur néolibéral et pour la gauche de la gauche, un néolibéral-social est infréquentable !

Donc la France n’est pas en faillite. N’empêche qu’il va falloir, sans le dire, tout faire pour éviter la catastrophe. D’ où, deux autres vérités que l’on tait.

La deuxième vérité que l’on dissimule, c’est la nécessite de réduire les dépenses publiques et sociales. Là encore, il faudrait arrêter de raconter des histoires. La seule solution pour éviter la faillite, la seule solution pour continuer à trouver des financements pour se redresser serait de diminuer les déficits budgétaires, sociaux et extérieurs. Pour diminuer les déficits financiers, le gouvernement a épuisé l’outil fiscal. On ne peut plus augmenter les impôts et les prélèvements sociaux sauf à asphyxier la machine et à faire fuir les acteurs qui alimentent l’assise fiscale.

« Les hauts taux ont tué les totaux » pour reprendre l’expression de Laffer !

Pour diminuer les déficits, il faut donc très rapidement réduire les dépenses courantes : masse salariale des fonctionnaires, frais généraux, prestations sociales. Pour réduire le déficit extérieur, il faudrait réduire les importations ou augmenter la compétitivité des produits et services français, on n’en parle mais ce sera encore plus long. C’est une obligation que de réduire les dépenses. La France ne pourra pas s’exonérer de cette obligation sauf à prendre le risque de l’exclusion du système mondial et de se mettre en faillite. Ce qui serait pire comme on l’a vu. Cette obligation est la condition obligatoire pour rester dans le jeu des grandes nations et obtenir des taux d’intérêt supportables.

Le gouvernement français a bien compris que c’était une obligation. Il a donc promis de le faire. Il a promis qu’il le fera demain mais ne se prépare en rien pour respecter sa promesse. Ou alors il fait peu. Pourquoi s’entête-il ? Pour des raisons politiques. Le gouvernement s’imagine que son électorat n’acceptera pas une vérité qui lui a toujours été cachée. Est-ce que cet électorat acceptera mieux de voir le chômage grimper et le tissu social se dégrader ? Pas sûr. Il faudra donc trouver des expédients et des solutions.

La troisième vérité porte sur les expédients que le gouvernement est en train de cuisiner. En fait la seule solution pour en sortir sans catastrophe c’est d’obtenir des délais de paiements ou de remboursements. L’équipe du ministère de l’Économie a donc entrepris une négociation avec la commission de Bruxelles et avec l’Allemagne pour qu’ils acceptent que nous n’ayons pas à revenir à 3% cette année mais plutôt en 2014, voir même en 2016. Solution classique du rééchelonnement. Cela dit politiquement ce n’est pas glorieux que de quémander des délais après avoir jurer qu’on remplirait le contrat. D’autant que cela ne nous exonère pas de l’obligation de revenir dans les clous.

Le seul avantage c’est qu’une fois de plus on gagne du temps. Le temps que l’environnement international soit plus porteur et que les autres fassent le boulot à notre place. Le problème c’est que cette fois on pourra difficilement repousser la poussière sous le tapis. Il y en aura trop. Quand on a commencé à ne pas dire la vérité, c’est très difficile de redevenir transparent.

Jean-Marc Sylvestre.

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