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EELV dans la tourmente, Cécile Duflot attaque Manuel Valls à Angers

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La ministre du Logement Cécile Duflot a accusé jeudi Manuel Valls d’être allé « au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain » avec ses propos sur les Roms. (c) Afp

Empêtrée dans la tourmente qui secoue son parti EELV, la ministre du Logement Cécile Duflot a attaqué jeudi avec virulence à Angers (Maine-et-Loire) son collègue de l’Intérieur Manuel Valls pour ses propos sur les Roms et en a appelé au président Hollande, mettant à mal la solidarité gouvernementale.Auparavant dans la matinée, une fuite de fioul provenant d’un camion a quelque peu perturbé les abords des Greniers Saint-Jean et la ville de faire « le grand Ménage », un peu comme chez EELV, riront certains acteurs présents.

Venue à Angers pour les journées parlementaires d’Europe Ecologie-Les Verts, Mme Duflot a surpris l’assistance en se lançant publiquement dans une charge extrêmement vive contre Manuel Valls, jusqu’à en appeler au chef de l’Etat pour trancher cette question.

L’ex-numéro un de EELV a accusé le ministre de l’Intérieur d’être allé « au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain » avec ses propos sur les Roms. Manuel Valls avait jugé qu’une « minorité » de Roms voulait « s’intégrer ».

François Hollande, en déplacement en Lorraine, s’est refusé à tout commentaire alors que son Premier ministre Jean-Marc Ayrault, invité en clôture des journées parlementaires des écologistes, a renvoyé à « la circulaire interministérielle signée par les ministres » en d’août 2012 et relative aux Roms.

« Elle est dans son rôle quand elle est devant son parti et ses parlementaires. Elle est ministre, mais une ministre qui représente une certaine sensibilité. Nous sommes une majorité de gouvernement, il ne peut y avoir d’alignement », a déclaré le président PS de l’Assemblée nationale Claude Bartolone, également présent à Angers.

Cette déclaration de Cécile Duflot, qui va à l’encontre des règles édictées par le président Hollande selon lesquelles les ministres n’étalent pas publiquement leurs divisions, intervient à un moment où Mme Duflot doit faire face à des critiques au sein même de son parti, sur sa poigne supposée et « son clan ».

Cela lui permet ainsi volontairement –ce que ses proches récusent – ou involontairement de faire porter les commentaires sur son attaque contre M. Valls plutôt que sur ses problèmes internes.

En une semaine, le mouvement écologiste a perdu son secrétaire général, Pascal Durand, qui a officialisé son départ de la tête du parti en novembre, et une figure médiatique, Noël Mamère, qui a éreinté, dans une interview, « la firme » formée par Mme Duflot et Jean-Vincent Placé, président des sénateurs EELV.

M. Durand a été contraint, par des cadres du parti, de renoncer à briguer en novembre un second mandat pour avoir lancé un ultimatum au président Hollande afin d’obtenir des engagements concrets sur la transition énergétique.

« Fables et allégations »

Avant l’attaque de Mme Duflot contre M. Valls, la question lancinante de la journée était : « y a-t-il eu intervention de l’Elysée ou de Matignon ? ».

« J’ose espérer et même je crois que ce n’est pas à l’Elysée ou à Matignon qu’on décide du résultat d’un congrès des partis de la majorité », a réagi Pascal Durand.

Toutefois, un cadre du parti a affirmé à l’AFP que François Hollande, ulcéré, avait demandé à Cécile Duflot la tête de Pascal Durand, après que ce dernier eut lancé au chef de l’Etat un ultimatum.

« Je comprends la colère du Premier ministre et du président de la République quand un chef de parti de la majorité les interpelle pour dire que le compte n’y est pas », a ajouté M. Durand tout en estimant qu’un parti « n'(était) pas là pour relayer la parole de l’exécutif et applaudir des deux mains ».

« Je rappelle que Cécile Duflot m’a reçu jeudi (cinq jours après l’ultimatum, ndrl) en tête à tête et m’a clairement dit que si je me représentais elle me soutiendrait », a-t-il insisté. « Je n’ai pas de raison de douter de la parole des gens, (…) tout ce que je sais c’est ce qu’on me dit en face. Après ce qui se fait ou se qui se dit par derrière, je ne suis pas comptable », a-t-il dit

« Il y a eu tellement de fables et d’allégations depuis 10 jours. Qu’on répète que le président de la République aurait pu demander la tête du secrétaire national d’un parti de la majorité est simplement incroyable, c’est faux », a martelé Jean-Vincent Placé, visiblement agacé.

« Jean-Marc Ayrault m’a juste dit sa surprise sur le ton » employé par Pascal Durand, a toutefois reconnu le sénateur de l’Essonne. AFP

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