Angers
Congrès du SNJ à Angers: Les journalistes inquiets des effets de la crise
Face aux mutations économiques et technologiques qui touchent leur métier, les adhérents du Syndicat national des journalistes (SNJ) ont exprimé leur inquiétude sur la qualité de la presse et l’évolution de leur travail lors de leur 95e congrès qui s’achève ce samedi à Angers (Maine-et-Loire).
« La plupart des journalistes touchés par les plans sociaux, les réorganisations internes ou encore les fermetures, ont le moral dans les chaussettes » , constate Anthony Bellanger, journaliste au Courrier de l’Ouest à Cholet (Maine-et-Loire), réélu vendredi pour deux ans à la tête du premier syndicat de la profession et de ses quelque 3.000 adhérents.
« Mais, face et malgré ces difficultés, notre rôle, c’est bien de rappeler sans cesse l’attachement à une information de qualité, indépendante et libre, à destination du public, quel qu’en soit le support », insiste aussitôt le secrétaire national du SNJ.
Parmi les 180 congressistes (presse quotidienne nationale et régionale, audiovisuel, presse magazine, etc…), l’inquiétude, voire la lassitude que génèrent les restructurations engagées, s’expriment sans réserve.
« C’est clair, on prend en pleine face l’évolution de notre métier. On a conscience que la presse est confrontée à des problèmes économiques mais on est en droit de s’interroger sur ses choix », témoigne Anne-Lise Fleury, journaliste à Ouest-France, où un plan de départs volontaires, ne concernant pas les journalistes, a été annoncé en septembre.
Parmi les griefs soulevés, la dégradation de la qualité de l’information. « On ne va plus au fond des choses, pour privilégier l’anecdotique et les faits divers, même les plus insignifiants », estime Bertrand Bussière, rédacteur à La Voix du Nord.
Le journaliste dénonce avec force l’impact d’internet sur les choix éditoriaux et le travail des rédactions: « Aujourd’hui, le papier le plus cliqué sur le web, sera le plus mis en valeur dans le journal le lendemain. C’est absurde ».
« Qu’il faille occuper le terrain numérique, on est bien d’accord. Mais ça rapporte quoi par rapport à la vente des journaux? » appuie son collègue, Pierre Le Masson, reporter photographe et trésorier national du SNJ, pour qui « assurer un mandat syndical, dans ce contexte, est devenu encore plus difficile ». » Il y a 20 ans, nous étions appréciés par les directions, comme des gens réfléchis et constructifs. Aujourd’hui, nous sommes des +emmerdeurs+ », dit-il.
Signe de ces préoccupations professionnelles, l’un des cinq groupes de travail chargés d’alimenter les orientations du syndicat lors du congrès, a planché sur les risques psycho-sociaux. « Un sujet tabou », selon Anthony Bellanger. « La souffrance au travail existe pourtant aussi chez les journalistes, estime le patron du SNJ. Avec l’apparition du numérique et l’hyper-connectivité, on a notamment brouillé la notion de temps de travail et oublié que le repos légal avait un sens ».AFP